La cannelle est une épice, extraite de l’écorce intérieure de certains arbres du genre Cinnamomum. Utilisée en complément alimentaire, quels sont les critères de qualité ? Quelle forme privilégier : gélules, poudre, comprimés ? Quelle est la posologie adaptée ? Existe-t-elle en bio ? Existe-t-il des contre-indications ? Représente-t-elle un danger ?
Définition
L’épice est constituée de l’écorce intérieure des arbres appelés « canneliers ». Les deux espèces les plus fréquentes sont le cannelier de Ceylan et de Chine, autrement dit « cannelier casse ». Elle est utilisée dans la médecine traditionnelle de certains pays.
Bienfaits et vertus de la cannelle
Etudiés par la science
Nombre d’études ayant analysé ses vertus et bienfaits : 7361
Études cliniques réalisées sur l’Homme : 202 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 171819 20 21
Selon les autorités européennes (EFSA)
Les autorités européennes ont accepté ces propriétés*:
- aide au maintien de la glycémie ;
- soutient le système urinaire et reproducteur ;
- a un effet tonique et contribue à la résistance contre la fatigue physique et mentale ;
- aide au confort de l’estomac.
Les numéros d’application sont: 2013, 2018, 2242, 2014.
Selon l’Agence européenne du médicament (EMA)
L’Agence du médicament reconnait comme « traditionnel » l’usage de la variété de Ceylan en tant que traitement symptomatique des légers troubles gastro-intestinaux (ballonnements, flatulences)22.
Selon l’OMS
L’Organisation mondiale de la santé mentionne son « usage traditionnel » dans le traitement des symptômes de la dyspepsie (spasmes gastro-intestinaux, flatulences et le manque d’appétit23).
Origine
Source
Elle peut provenir d’espèces différentes. En France, la cannelle de Ceylan ou de Chine est principalement commercialisée.
Les principaux pays producteurs sont la Chine, le Vietnam et l’Indonésie. Le cannelier de Ceylan (Cinnamomum verum) est originaire de Sri Lanka et cultivé dans des pays tropicaux (Madagascar, Seychelles, Inde).
Fabrication
Le mode de fabrication dépend du type de produit.
La poudre de cannelle, connue pour son usage alimentaire, est obtenue après le broyage de l’écorce intérieure des canneliers.
Pour les extraits, les écorces entières ou broyées sont mises en contact avec un ou plusieurs solvants, afin d’en extraire les principes actifs. Il s’agit principalement d’une extraction à l’eau ou hydroalcoolique (mélange d’eau et d’éthanol). Après l’évaporation des solvants, on obtient un extrait sec sous forme de poudre.
Il existe deux extraits aqueux brevetés sur le marché : CinSulin® et Cinnulin PF®. Les deux sont issus de la variété Cinnamomum burmannii. Cinnulin PF® a fait l’objet d’études cliniques.
L’huile essentielle est obtenue par distillation.
Différentes qualités
Sa qualité dépend de nombreux facteurs : est-elle titrée en principes actifs ? De quelle espèce provient-elle?
Les principes actifs de la plante sont les polyphénols (proanthocyanidines ou cinnamaldéhyde).
Variété de Ceylan, casse ou burmannii ?
La cannelle casse est celle qui a été le plus étudiée pour son effet sur la glycémie. Néanmoins, c’est également celle qui présente un risque plus élevé d’exposition à la coumarine, le composé potentiellement hépatotoxique. Celle extraite de la variété Cinnamomum burmannii est également relativement riche en coumarine. Pour éviter tout risque d’hépatotoxicité, nous vous conseillons de privilégier celle de Ceylan ou des extraits d’autres espèces analysées pour leur teneur en coumarine.
Poudre
La qualité de la poudre est hétérogène. La composition en principes actifs varie en fonction de nombreux critères : conditions de culture, récolte… Néanmoins, c’est la forme qui a été la plus utilisée dans les études cliniques réalisées sur l’Homme.
Extraits concentrés
Les extraits concentrés non standardisés sont assez fréquents. Leur qualité peut être également hétérogène. Ils peuvent être aqueux ou hydroalcooliques. Ces deux formes ont été utilisées dans des études cliniques. Les concentrations varient considérablement de 4:1 à 30:1.
Extraits titrés
Quelques extraits sont titrés en polyphénols. La concentration est variable : de 25% à 50%. Ils sont disponibles en bio. L’extraction peut se faire uniquement à l’eau.
Sécurité : teneur en coumarine
La coumarine est un composé susceptible de provoquer une hépatotoxicité à long terme. L’espèce Cinnamomum cassia en contient jusqu’à 1% alors que la cannelle de Ceylan en contient beaucoup moins (0,004 à 0,01%)24. Cinnamomum burmannii pourrait en contenir 0,2%25. L’EFSA a fixé une dose journalière à ne pas dépasser de 0,1 mg par kg de masse corporelle. Pour une personne de 60 kg, la limite est donc de 6 mg par jour.
Différentes formes
En comprimés
Cette forme est rare. Généralement, les comprimés contiennent davantage d’additifs que les gélules.
En gélules
La cannelle est généralement conditionnée dans des gélules. Elles peuvent contenir des additifs. Certaines gélules peuvent être fabriquées à partir de gélatine, d’origine animale. Elles peuvent ne pas convenir aux personnes suivant un régime végétarien ou végétalien.
En poudre
Il est possible d’en trouver sous forme de poudre. C’est d’ailleurs sous cette forme qu’elle est vendue en tant qu’épice. La poudre est pratique pour les posologies importantes.
Cannelle Bio
Elle peut être cultivée en agriculture biologique. Pour les extraits bio, aucun solvant controversé n’est utilisé.
Les meilleurs produits
Lors de votre choix, privilégiez des produits titrés en principes actifs. La poudre est moins concentrée en substances actives, mais elle contient le totum de l’écorce et elle a été largement utilisée dans les études cliniques. Privilégiez également des produits à base de cannelle de Ceylan ou d’autres espèces, mais qui ont été analysées pour leur teneur en coumarine (composé hépatotoxique).
Nous vous conseillons de privilégier des compléments alimentaires fabriqués en Europe, car les normes européennes concernant les composants polluants sont très restrictives.
Posologie des études
La posologie de la poudre, utilisée dans les études cliniques, varie de 1 à 6 g. L’OMS recommande une posologie de 2 à 4 g de poudre. En raison de la forte teneur en coumarine, la posologie de la cannelle de Chine (casse) ne devrait pas dépasser 500 à 1000 mg par jour.
Pour les extraits concentrés à 10-12:1, la posologie suivante a été utilisée : 250 à 1000 mg par jour. Pour les extraits concentrés à 4-5:1, la posologie suivante est recommandée : 500 à 1500 mg. Pour les extraits concentrés à 30:1, 80 à 330 mg par jour semblent adaptés.
Dosage en complément alimentaire
Les dosages recommandés par les marques varient.
Utilisation pratique
Moment des prises
Il est préférable de la prendre pendant ou après les repas.
Durée
1 à 3 mois.
Précautions et danger
Effets secondaires
La cannelle peut-elle représenter un danger ?
La variété de Chine, Cinnamomum cassia, contient des taux élevés de coumarine, la molécule qui peut être toxique pour le foie à fortes doses.
Elle peut entraîner des allergies et des irritations des muqueuses au niveau de la bouche, si prise en excès.
Contre-indications
Les personnes sous traitement anti-diabétique doivent demander l’avis d’un professionnel de santé, avant de se supplémenter. Pendant la grossesse et l’allaitement, il est conseillé de se référer à un médecin.
Interactions médicamenteuses
Elle peut potentiellement interagir avec des antidiabétiques, anticoagulants et hypocholestérolémiants.
- 1: 🔗 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/?term=cinnamon%5BTitle%5D+effect&filter=pubt.clinicalstudy&filter=pubt.clinicaltrial&filter=pubt.journalarticle&filter=pubt.meta-analysis&filter=pubt.randomizedcontrolledtrial
- 2: 🔗 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/14633804/
- 3: 🔗 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16634838/
- 4: 🔗 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/17924872/
- 5: 🔗 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/17296187/
- 6: 🔗 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19734396/
- 7: 🔗 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19571155/
- 8: 🔗 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19158209/
- 9: 🔗 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20854384/
- 10: 🔗 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22749176/
- 11: 🔗 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24461315/
- 12: 🔗 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24813595/
- 13: 🔗 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4246455/
- 14: 🔗 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4516848/
- 15: 🔗 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29250843/
- 16: 🔗 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5469078/
- 17: 🔗 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29282046/
- 18: 🔗 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29605574/
- 19: 🔗 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29737802/
- 20: 🔗 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30396627/
- 21: 🔗 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32638445/
- 22: 🔗 https://www.ema.europa.eu/en/documents/herbal-monograph/draft-community-herbal-monograph-cinnamomum-verum-j-s-presl-cinnamomum-zeylanicum-nees-cortex_en.pdf
- 23: 🔗 http://digicollection.org/hss/en/d/Js2200e/12.html
- 24: 🔗 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3385612/
- 25: 🔗 https://pdfs.semanticscholar.org/44d7/fc9fee6a3c71eb1ee8e59cc9653486b382ff.pdf