Huile végétale hydrogénée

Elle fait débat dans l’industrie agroalimentaire. Elle est pointée du doigt comme étant nocive pour la santé. Mais qu’est-ce qu’une huile végétale hydrogénée ? Quels sont réellement les dangers liés à sa consommation ? Pourquoi est-elle encore autorisée dans l’alimentation ?

En bref

Note globale
6 / 10
  • Naturalité
    Naturalité : Moyenne Elle est issue d’huiles végétales. Mais le chauffage l’oxyde.
  • Toxicité supposée
    Toxicité supposée : Forte Cette huile est fortement suspectée de favoriser des maladies cardiovasculaires.
  • Manifestation secondaire
    Elle n’engendre pas d’effets secondaires.
  • Contre indication
    Elle n’est pas contre-indiquée. Les personnes souffrant de cholestérol et de pathologies cardiovasculaires doivent limiter leur consommation.

Préferénces alimentaires

  • Additif naturel
    Naturel
  • Additif non nano
    Non nano
  • Additif non OGM
    Peut être OGM
  • Additif utilisable en bio
    Non utilisable en bio
  • Additif sans gluten
    Convient aux régimes sans gluten
  • Additif Hallal
    Hallal
  • Additif vegan
    Convient aux régimes vegan

Définition

L’huile végétale hydrogénée est extraite de plantes ; elle est essentiellement composée d’acides gras (saturés ou insaturés). Pour la consommation humaine, elle doit respecter la Norme définie par le Codex Alimentarius1.

Elle peut provenir de colza, d’olives, de tournesol, de soja, de coton, d’arachide, etc. Certaines sont pressées à froid, d’autres sont extraites à haute température. En fonction des traitements effectués, elle peut être vierge, raffinée, désodorisée…

L’hydrogénation est un processus chimique fréquemment utilisé par les industriels afin de modifier la composition et/ou la texture. Elle consiste à y ajouter une molécule de dihydrogène (H2), en présence d’un catalyseur (du nickel par exemple) ou à haute température, pour obtenir de l’huile végétale hydrogénée.

Dans l’industrie agroalimentaire, ce procédé permet de :

  • réduire son insaturation ;
  • rendre solide ou semi-solide une matière grasse liquide ;
  • désodoriser celle issue de poisson.

L’hydrogénation peut être partielle ou complète. Mais plus elle est complétée, plus l’huile végétale hydrogénée devient dure. Le degré d’hydrogénation dépend donc de la consistance souhaitée.

En quoi est-elle dangereuse pour la santé ?

Absence de certains acides gras essentiels

L’hydrogénation conduit à la perte des acides gras insaturés et, par conséquent, de leurs effets bénéfiques pour la santé.

En effet, les formes polyinsaturées apportent des omégas-3 et des omégas-6, des nutriments essentiels pour l’organisme. Mais l’opération d’hydrogénation rendrait une partie de ces gras insaturés en gras saturés et en gras trans.

L’huile végétale hydrogénée contiendrait-elle des acides gras trans ?

En 2005, l’Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments) a reconnu que les produits, qui en contiennent, pourraient présenter un taux relativement élevé2. Selon le CTAC (Conseil de la transformation agroalimentaire et des produits de consommation), jusqu’à 80 % des acides gras trans dans les aliments industriels sont formés durant le processus d’hydrogénation partielle3.

Or, ceux issus du processus d’hydrogénation sont fortement suspectés de favoriser des maladies cardiovasculaires. Ils pourraient augmenter le taux du mauvais cholestérol au détriment des bons cholestérols, et obstruer les vaisseaux sanguins. D’après l’OMS (Organisation mondiale de la santé), plus de 500.000 décès par an seraient dus à l’augmentation des apports en ces subtances4.

A noter : ceux d’origine naturelle (présents dans les produits laitiers et les viandes de ruminants) seraient peu susceptibles d’avoir un impact négatif sur la santé cardiovasculaire.

Pourquoi l’autoriser dans les denrées alimentaires ?

Avantageuse pour les industriels

A l’état liquide, cela la rend peu pratique dans l’industrie agroalimentaire. Une matière grasse solide serait plus résistante et pourrait être conservée plus longtemps.

Ainsi, le processus d’hydrogénation offrirait des propriétés plus avantageuses, sans parler de son faible coût. L’huile végétale hydrogénée serait :

  • stable même soumise à haute température ;
  • moins encline au rancissement et à l’oxydation.

Des mesures réglementaires

Certains pays, dont le Canada, ont déjà classé l’huile végétale partiellement hydrogénée comme nocive et interdit son utilisation dans l’alimentation. Mais pour d’autres, comme la France et le Danemark, c’est la teneur en acides gras trans dans les produits alimentaires qui a été limitée. Selon le Règlement (UE) N° 2019/649 de la Commission européenne5 du 24 avril 2019, les produits alimentaires ne devraient contenir pas plus de 2 g d’acides gras trans industriels pour 100 g de matière grasse, à partir du 2 avril 2021.

Et d’après l’Annexe VII du Règlement (UE) N° 1169/2011 du Parlement européen et du Conseil6 du 25 octobre 2011, la mention « totalement hydrogénée » ou « partiellement hydrogénée » devrait être précisée sur l’étiquette si la denrée alimentaire en contient.

Limitation de la dose journalière à consommer

A priori, les acides gras trans ne seraient dangereux que lorsqu’ils sont consommés à fortes doses. L’Afssa a recommandé à ce que leur consommation n’excède pas les 2 % de l’apport énergétique total (AET)7. Mais il s’avère que les adolescents risquent de dépasser cette limite maximale.

Pour l’OMS, ils devraient être limités à moins de 1 % de l’AET8, au sein de l’alimentation, équivalant à moins de 2,2 g/jour pour une personne consommant 2000 calories.

Dans quels aliments peut-on la trouver ?

L’huile végétale hydrogénée peut se trouver dans plusieurs denrées alimentaires, dont :

  • les biscuits salés ou sucrés ;
  • les aliments frits, comme les chips et les frites ;
  • les viennoiseries ;
  • les pains industriels ;
  • les glaces de consommation ;
  • les plats préparés ;
  • les pâtes à tartiner ;
  • les margarines végétales.

Elle n’est pas autorisée dans l’agriculture biologique.

Pour résumer

  • Elle a subi une transformation chimique afin de la solidifier, d’empêcher son oxydation et d’améliorer sa stabilité face à la chaleur.
  • La composition initiale est modifiée : certains acides gras insaturés deviennent saturés.
  • Elle peut être partiellement ou totalement hydrogénée.
  • Sur le plan nutritionnel, elle perd une grande part de ses propriétés bénéfiques pour l’organisme humain. Les acides gras essentiels qu’elle contient disparaissent, ou se transforment en acides gras trans, lesquels sont réputés nocifs pour la santé.
  • Pour les formes trans présentes dans les aliments industriels, elles proviendraient de l’huile végétale partiellement hydrogénée.
  • La consommation de très fortes doses augmenterait les risques de maladies cardiovasculaires.
  • En Europe, les industriels devraient informer les consommateurs de la présence de l’huile végétale hydrogénée, en mentionnant « hydrogénée » ou « totalement hydrogénée » ou « partiellement hydrogénée » sur les étiquettes.
  • A partir du 2 avril 2021, la concentration maximale des acides gras trans dans un aliment devrait être de 2 g pour 100 g de matière grasse.
  • D’après les autorités, leur quantité journalière devrait être moins de 1 % de l’apport énergétique total.

En conclusion

Apparemment, seuls les industriels trouvent des avantages dans l’huile végétale hydrogénée. Celle-ci présenterait trop de risques pour la santé des consommateurs. Ainsi, il serait plus prudent de la bannir de l’alimentation, ou du moins d’en limiter la consommation.