On le sait, ce label est un gage de qualité, une référence à des aliments naturels, sains et inoffensifs. Toutefois, ces produits peuvent aussi contenir des additifs alimentaires et des auxiliaires technologiques. Pourquoi ? Mais quelles sont les conditions pour les qualifier ? Quels sont les additifs autorisés dans l’agriculture bio ? Ceux-ci ne sont-ils pas dangereux ? Pourquoi certains excipients ne sont-ils pas autorisés ? Lesquels ?
Agriculture bio : c’est quoi ?
Elle rassemble tout un système de production et de transformation d’aliments d’origine agricole ou animale, qui répond à des normes strictes en termes de :
- préservation de l’état naturel des produits ;
- protection de l’environnement, des ressources naturelles et de la biodiversité ;
- respect du climat ;
- garantie du bien-être des animaux.
Les produits certifiés peuvent être :
- des aliments non transformés ;
- des denrées alimentaires transformées, destinées à l’alimentation humaine ou animale ;
- des semences et matériels de reproduction végétative.
Cette chaîne de l’agriculture commence par les producteurs (agriculteurs et éleveurs), qui doivent pratiquer des méthodes visant à obtenir des denrées 100 % naturelles. Ainsi, il leur est interdit d’utiliser :
- des substances chimiques de synthèse, que ce soit dans l’alimentation des animaux, dans les engrais ou dans les pesticides (les médicaments ne devant être administrés qu’à titre curatif) ;
- des OGM (organismes génétiquement modifiés), ou à des produits fabriqués à partir ou par des OGM.
Les fabricants ont également l’obligation de respecter des exigences rigoureuses1 :
- utiliser des ingrédients biologiques ;
- limiter les additifs et les auxiliaires ;
- bannir les traitements par des rayons ionisants ;
- recourir à des procédés respectueux de l’écosystème et non polluants.
Toute la filière est soumise à des contrôles sévères, non seulement de la part des organismes qui octroient le label, mais aussi venant de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de répression des fraudes).
Quelles conditions pour l’utilisation des excipients ?
D’après le règlement (CE) N° 834/20072 du Conseil du 28 juin 2007, les denrées alimentaires biologiques transformées sont composées principalement d’ingrédients d’origine agricole. Mais elles peuvent également contenir :
- des additifs ;
- des auxiliaires technologiques ;
- des arômes,
- de l’eau ;
- du sel ;
- des préparations de micro-organismes et d’enzymes ;
- de minéraux ;
- d’oligo-éléments ;
- de vitamines ;
- des acides aminés ;
- d’autres micronutriments destinés à une fin nutritionnelle.
Pour obtenir la certification, les conditions suivantes sont à remplir :
- plus de 50 % des ingrédients doivent être d’origine agricole3 ;
- au moins 95 % des ingrédients agricoles doivent être bio ;
- les 5 % d’ingrédients agricoles non certifiés doivent appartenir à la liste des ingrédients non bio autorisés, selon l’Annexe IX du règlement (CE) N° 889/2008, de la Commission du 5 septembre 2008 ;
- les additifs doivent faire partie des excipients autorisés dans l’agriculture bio, selon l’Annexe VIII du règlement (CE) N° 889/2008.
A noter : l’eau potable et le sel n’entrent pas dans le calcul des pourcentages, ni dans celui des ingrédients agricoles, ni dans celui des ingrédients non agricoles.
Quels sont les excipients acceptés ?
La plupart des additifs autorisés dans l’agriculture bio sont d’origine naturelle. Mais certains d’entre eux sont synthétiques, produits à partir de substances chimiques.
E170 – Carbonate de calcium
Le CaCO3 est autorisé dans l’agriculture biologique, mais jamais pour colorer ni pour enrichir des produits en calcium.
Il peut être utilisé dans toutes les denrées alimentaires, qu’elles soient d’origine végétale ou animale.
E504 – Carbonate de magnésium
Qu’il soit d’origine minérale ou synthétique, le carbonate de magnésium est autorisé, mais uniquement dans les denrées alimentaires d’origine végétale.
E551 – Dioxyde de silicium
Appelé aussi « silice », le SiO2 fait partie des additifs autorisés en bio, dans les produits d’origine végétale.
A noter : dans les herbes et épices, son emploi est limité à son rôle antiagglomérant.
E553b – Talc alimentaire
Le talc est autorisé, que ce soit dans les aliments d’origine végétale ou d’origine animale.
A noter : dans les produits à base de viande, il ne sera utilisé qu’en tant qu’agent d’enrobage.
Gélules en cellulose HPMC
L’hydroxypropylméthylcellulose, plus connue sous le nom « cellulose HPMC », est une substance synthétique d’origine végétale. Il s’agit d’un des additifs autorisés en bio. Cependant, elle n’est autorisée dans cette filière que lorsqu’elle est utilisée en tant qu’ingrédient dans la fabrication des capsules.
Quant aux gélules en cellulose HPMC (gélules végétales), elles ne peuvent pas disposer du label. Mais elles sont utilisables dans les produits biologiques. Ainsi, elles feront partie du pourcentage des ingrédients non agricoles.
Gélules en carraghénanes
Les carraghénanes sont autorisées, mais uniquement dans les produits à base de lait et les denrées d’origine végétales.
Ainsi, les gélules en carraghénanes sont parfaitement utilisables dans cette filière.
Maltodextrine
C’est un produit végétal, obtenu à partir d’amidon (de maïs, de blé, de riz, de pomme de terre ou de tapioca).
Quels sont ceux interdits ?
Parmi les centaines d’additifs alimentaires autorisés dans l’agriculture conventionnelle, moins de 50 seulement sont utilisables en bio. En voici quelques exemples d’excipients qui ne remplissent pas les conditions, et donc interdits.
E171 – Dioxyde de titane
C’est une molécule d’origine minérale, composée partiellement de nanoparticules.
A noter : en France, son utilisation dans toutes les denrées alimentaires4 est suspendue pour un an, depuis le 1er janvier 2020.
E202 – Sorbate de potassium
C’est un additif de synthèse et donc il fait partie des additifs non autorisés en bio. Il est obtenu à partir de l’acide sorbique et de l’hydroxyde de potassium.
E211 – Benzoate de sodium
Il s’agit également d’un excipient synthétique.
E341 – Phosphate dicalcique
En général, il est de synthèse. Mais parfois on peut aussi l’obtenir à partir des roches phosphatées naturelles.
A noter : le phosphate monocalcique fait partie des additifs autorisés dans le bio.
E420 – Sorbitol
Il s’agit d’un additif synthétique.
E433 – Polysorbate 80
Il est produit synthétiquement, à partir du sorbitol.
E460 – Cellulose microcristalline
Il est constitué de nanoparticules.
E466 – Croscarmellose sodique
C’est un dérivé de la cellulose, mais elle est produite synthétiquement.
E470 – Stéarate de calcium
C’est un excipient de synthèse. Le stéarate de calcium fait partie des additifs non autorisés en bio.
E470 – Stéarate de magnésium
On l’obtient par l’association de l’acide stéarique avec du magnésium d’origine minérale ou marine.
E471 – Dibéhénate de glycérol
C’est un excipient composé de glycérol et d’acide béhénique.
E508 – Chlorure de potassium
On l’obtient généralement par extraction des minerais de potasse, ou par traitement de l’eau de mer.
E570 – Acide stéarique
Cet acide gras saturé peut être d’origine végétale (huile de coton, de coco, de tournesol…) ou animale.
Gélules en pullulan
Bien que le pullulan soit un ingrédient 100 % naturel et purement d’origine végétale, il ne fait pas encore partie des substances qui peuvent être utilisées.
Quels sont ceux qui sont acceptés partiellement ?
Pour certains additifs, l’autorisation reste partielle, c’est-à-dire qu’ils ne peuvent pas être autorisés systématiquement dans le bio. Ils sont soumis à des conditions de fabrication, notamment au niveau du processus de production et des matières premières utilisées. Ainsi, les excipients ci-après sont parfois autorisés, parfois non.
E422 – Glycérine
Appelée aussi « glycérol », la glycérine ne peut être acceptée que lorsqu’elle a été extraite de végétaux. Toutefois, elle ne peut être ajoutée que dans les denrées alimentaires d’origine végétale.
Elle est donc interdite si elle provient d’autres sources, c’est-à-dire :
- si elle est synthétique ;
- si elle a été fabriquée à partir de graisses animales.
Gélules en gélatine
La gélatine est un ingrédient non biologique autorisé, s’il a été produit à partir de poisson.
Mais il est interdit s’il est provient de peau de porc, de bœuf ou de volaille.
Amidons de maïs et de blé
Ils font partie des ingrédients non biologiques d’origine agricole autorisés, selon l’Annexe IX du règlement N° 889/20085. Mais cette autorisation concerne seulement les amidons natifs et les amidons modifiés par voie physique ou enzymatique.
Les amidons ayant subi d’autres types de modification restent interdits.
Pour résumer
- Dans l’agriculture biologique, les aliments transformés doivent être composés de plus de 50 % d’ingrédients agricoles. Il se pourrait donc que certains aliments contiennent plus d’ingrédients agricoles que d’autres.
- Au moins 95 % des ingrédients agricoles doivent disposer du label.
- A moins qu’ils soient considérés comme d’origine agricole, les additifs alimentaires entrent dans le calcul des ingrédients non agricoles.
- Seuls les additifs autorisés dans l’Annexe VIII du règlement (CE) N° 889/2008 peuvent être ajoutés dans les produits bio.
- Leur quantité doit être très réduite.
En conclusion
La certification des denrées alimentaires dans l’agriculture biologique se fait dans le respect des règlementations. Ainsi, ce serait impossible d’utiliser des excipients non autorisés. Toutefois, il vaudrait mieux choisir des produits contenant le moins d’additifs possible. Il est également conseillé d’opter pour des aliments certifiés par des organismes qui exigent un taux élevé d’ingrédients d’origine agricole (idéalement 100 %).
- 1: 🔗 https://www.agencebio.org/wp-content/uploads/2018/12/synthese_reglementation2018.pdf
- 2: 🔗 https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32007R0834&qid=1477056948782&from=FR
- 3: 🔗 http://www.produire-bio.fr/wp-content/uploads/2016/12/2014Fichesreg-Transfo.pdf
- 4: 🔗 https://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2008:250:0001:0084:FR:PDF
- 5: 🔗 https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000038410047/