Aluminium, un packaging écologique ?

Certaines marques de compléments alimentaires utilisent des packagings en aluminium, vantant le côté écologique de ce métal. Mais qu’en est-il vraiment ?

L’extraction de ce matériau

Grands principes

Le parcours est long entre un élément extrait de son milieu naturel et ce matériau utilisé dans la vie quotidienne. Ce métal n’est pas comme l’or ou l’argent. Il n’est pas extrait instantanément d’une carrière à l’état natif. Il est obtenu par la suite d’un procédé chimique transformant la bauxite (le minerai d’origine) en alumine.

La première technique avait été découverte en 1854, mais ne permettait que d’en produire qu’une infime quantité. À l’époque, il était aussi cher que l’or et l’argent. Un nouveau procédé d’extraction de l’aluminium a été découvert en 1889, permettant de le produire en grande quantité : le procédé Bayer. Cette technique est encore utilisée aujourd’hui pour l’extraction.

Pendant le procédé Bayer 1, la bauxite subit une électrolyse ; de l’alumine est obtenue. Cette dernière, une matière poudreuse, qui contient également de l’oxygène, est ensuite soumise à un courant électrique afin d’éliminer l’oxygène, et produire ce métal argenté. 

Mines et impact sur l’environnement

Quel est l’impact environnemental et écologique de l’extraction de l’aluminium ?

Selon les dernières estimations, la Guinée dispose des plus importantes réserves de bauxite au monde2, avec près de 7,4 milliards de tonnes de stock. Après l’Australie, elle en est le second producteur. Ce pays est aussi le premier fournisseur de la Chine. Le secteur a explosé en 2015 dans ce pays minier quand la Malaisie et l’Indonésie ont arrêté leur exportation. Le pays compte en fournir plus de 100 millions de tonnes chaque année. Même si la bauxite constitue un véritable levier de croissance pour la Guinée, le pays doit être attentif à l’extraction, car cela pourrait entraîner sa perte. Il faut savoir que la production du minerai met en danger l’environnement et le droit humain.

L’exportation de bauxite n’est plus autorisée en Indonésie, alors que le pays produisait plus de 50 millions de tonnes par an. L’extraction du minerai a cessé en 2016 pour des raisons sanitaires. Pour répondre à la demande de la Chine, les deux pays exploitent la filière sans contrôle ni éthique écologique, dans des conditions environnementales désastreuses. L’extraction Malaisienne a engendré de nombreuses polémiques suite à une série de pollutions majeures. Les mines exploitées illégalement ont causé des ruissellements de boues rouges, drainées par des fortes pluies. Les métaux lourds qu’elles contiennent ont mis en péril l’activité aquacole du pays.

Depuis ces incidents, la Guinée est devenue l’Eldorado de la Chine qui en exige plus chaque année. Certes, l’entente procure d’importantes rentrées financières, mais elle suscite plusieurs interrogations relativement à l’impact écologique sur l’environnement local. La Chine a toujours démontré qu’elle ne s’intéresse pas à la manière dont la bauxite est extraite, sans prendre part aux conditions de production3.

La Guinée fait partie des pays les plus pauvres du monde malgré le fait qu’elle soit assise sur une importante ressource minéralogique. Pour éviter le pire, elle doit établir une réglementation stricte qui régit l’extraction tout en s’assurant de l’impact environnemental que cela implique. Les mines sont à ciel ouvert ; la production de l’aluminium entraine un impact écologique et environnemental catastrophique. Le sol est érodé durant l’exploitation des mines, affectant la flore et la faune de la région.

La fabrication des flacons

Méthode de fabrication

Étant le métal le plus existant sur terre, il occupe la seconde place des métaux les plus courants. Il est très sollicité en tant que matériau d’emballage. Sa qualité barrière contre la lumière, ainsi que sa légèreté, font partie des principaux atouts. Pour arriver à ce stade, la fabrication de l’aluminium nécessite le respect de certaines étapes.

Après que l’alumine se transforme en ce matériau, la forme liquide récupérée à la fin du processus est ensuite transportée à la fonderie, où elle sera coulée et moulée sous de nouvelles formes semi-ouvrées comme les lingots, barres, plaques… C’est le premier traitement que le métal subit avant d’obtenir des produits finis.

Dans la plupart des cas, les flacons sont fabriqués par un procédé d’extrusion par impact ou d’emboutissage profond, accompagné d’étapes complémentaires de rétrécissement et de filetage4. Les produits façonnés selon le processus d’extrusion par impact sont réalisés avec un lingot métallique.

Placé dans une matrice ou un moule, le lingot est ensuite pressé très rapidement avec une force intense par un poinçon. La dimension de paroi de la pièce à façonner est corrélée sans intermédiaire avec le jeu entre le poinçon et la matrice. La finition de surface du produit final est de meilleure qualité par rapport à la pièce de départ et le grain du matériau est transformé à sa nouvelle apparence.

Utilisation d’eau et rejet CO2

La fabrication de l’aluminium a-t-elle un impact écologique défavorable ?

Chacune de ces étapes nécessitent une importante consommation d’énergie, entrainant de nombreux dommages environnementaux. Ce n’est pas la dimension individuelle des flacons qui définit les caractéristiques écologiques ou non du contenant.

Par manque de dispositif de collecte efficace, elles génèrent beaucoup de déchets. Les flacons, ainsi que les emballages alimentaires fabriqués en ce matériau, sont jetés avec les autres déchets ménagers. 

Sa production mondiale est évaluée à plus de 38 millions de tonnes par an. Cela engendre un rejet de 78 millions de tonnes de CO2 dans l’environnement5. Sa production nécessite également une importante quantité d’eau. Il faut au minimum 100 litres d’eau pour en fabriquer 1 kg. Ces données indiquent à quel point son extraction est assez polluante.

Le recyclage de l’aluminium

Particularités

Le recyclage de l’aluminium est-il néfaste pour l’environnement ?

Bien que sa production à l’état d’origine soit particulièrement complexe, son recyclage s’avère très simple. Le fait de réutiliser ce métal est principalement efficace et écologique.

Comme le verre, c’est un matériau presque indéfiniment recyclable, sans qu’il perde sa qualité. Il dispose d’une propriété physique qui facilite sa transformation. C’est la raison pour laquelle les plus grandes marques intègrent la forme recyclée dans leur politique de fabrication.

Ce procédé est-il efficace ?

Ce métal n’a pas la possibilité d’être associé à d’autres matériaux. Il est inorganique et s’avère donc non biodégradable. Lorsqu’il est jeté dans la nature, il ne se dégrade pas même après 200 ans enfoui dans le sol.

D’ailleurs, il représente près de 2 % des déchets ménagers par an. Sur 5,3 % de millions de tonnes de packaging en ce matériau, 90 000 tonnes constituent des déchets qui peuvent s’éparpiller dans la nature. Le recyclage constitue une solution indéniable pour réduire la pollution.

En outre, ce matériau est recyclable à 100 %, à plusieurs reprises, sans qu’il perde ses propriétés. Il semble simple de le recycler. Produire un flacon en aluminium à partir des minerais bruts coûte, en effet, plus cher que la production de 30 boîtes en ce matériau recyclé. Lorsqu’il est recyclé, 1 kg permet une économie de 8 kg de bauxite6.

En France, 47 % de la consommation sont issus de ce métal recyclé7‌‌. L’impact écologique de l’aluminium est alors minimisé. Le recyclage fait profiter d’un avantage énergétique par rapport à sa production primaire. Il ne nécessite que 5 % d’énergie, raison pour laquelle, il connait un franc succès, à l’heure où le prix de l’énergie ne cesse de s’enflammer.

Néanmoins, le recyclage ne représente même pas la moitié de la consommation mondiale. Si en Allemagne, il est recyclé à hauteur de 96 %, en Espagne ce pourcentage n’est que de 50%. Quant à la France, il faut commencer par la mise en place de points de collecte adaptés et de consignes pour bien le recycler.

Le recyclage est une solution efficace pour réduire l’impact de sa production dans la nature, à condition de le mener correctement.

Recyclage : besoins en eau, rejet CO2

Derrière ces belles promesses, il y a une part d’ombre à ne pas négliger. La production et le recyclage de l’aluminium peuvent avoir un impact environnemental néfaste ; ils engendrent des rejets de gaz. Ils provoquent des rejets de CO2, ainsi que d’autres puissants gaz à effet serre, tels que la hexafluoroethane et le tétrafluorométhan. Le taux d’absorption des rayons infrarouges du soleil de ces derniers est à 10000 fois plus élevé que celui de CO2. La production d’une tonne de ce métal provoque l’émission d’un kg de ces gaz.

Les valeurs des indicateurs environnementaux en lien avec ce matériau recyclé sont moins importantes que la production primaire. Son empreinte carbone est meilleure. Le taux de pollution que le recyclage en dégage dépend des méthodes utilisées, ainsi que ceux des collectes.

Le recyclage permet une économie d’eau de 70 % contrairement à l’extraction primaire par la méthode d’électrolyse8.

En Conclusion

L’aluminium se présente comme la meilleure alternative pour lutter contre la pollution, à condition qu’il soit recyclé. Très résistant à la corrosion, il met plus de 200 ans à se dissoudre dans la nature. Grâce à ses nombreuses propriétés, il est recyclable à 100 %  sans perdre ses qualités. Sa production primaire engendre des impacts environnementaux assez conséquents : une quantité d’énergie colossale, perturbation des faunes et des flores autour de la mine, rejet de C0², besoin d’une importante d’eau.

En revanche, le recyclage de l’aluminium peut être une source de développement durable et une économie de ressources considérables. Le processus ne nécessite que très peu d’énergie et n’émet que très peu de gaz à effet de serre.