Gallate de propyle

Le gallate de propyle (E310) est un additif synthétique, utilisé fréquemment comme antioxydant dans l’industrie agroalimentaire. Mais est-il vraiment toxique comme on le prétend ? Quels sont les risques liés à la consommation de cette substance ? Est-il adapté à tous les groupes de population ?

En bref

Note globale
3 / 10
  • Naturalité
    Le Gallate de propyle est une substance chimique.
  • Toxicité supposée
    Les autorités ont estimé qu’il ne présente pas de danger malgré le peu de certitudes. Le CIRC le considère comme cancérigène suie à des études in vitro.
  • Manifestation secondaire
    Il est suspecté de provoquer différentes réactions chez certains: troubles sanguins ; perturbation endocrinienne ; irritation de l’estomac et des muqueuses buccales ; réactions allergiques.
  • Contre indication
    Il est interdit pour l’alimentation infantile et dans le bio.

Préferénces alimentaires

  • Additif naturel
    Synthétique
  • Additif non nano
    Non nano
  • Additif non OGM
    Non OGM
  • Additif utilisable en bio
    Non utilisable en bio
  • Additif sans gluten
    Convient aux régimes sans gluten
  • Additif Hallal
    Hallal
  • Additif vegan
    Convient aux régimes vegan

Définition

Chimiquement, le gallate de propyle (E310) est également connu sous le nom « ester propylique de l’acide gallique », ou « ester n-propylique de l’acide 3,4,5-trihydroxybenzoïque ». Sa formule brute est C10H12O5.

Il est répertorié dans la liste des additifs alimentaires autorisés dans l’Union européenne, sous le numéro E310. Il se présente sous forme de poudre cristalline inodore, de couleur blanche à blanc crème.

Il s’agit d’un excipient synthétique, produit par estérification de l’acide gallique avec de l’alcool propylique. L’excès d’alcool est ensuite éliminé par distillation. Sa fabrication pourrait requérir l’utilisation de l’acide chlorhydrique. Cela pourrait déclencher la formation de composés organochlorés, dont la quantité ne devrait pas excéder les 100 mg/kg1.

A quoi sert-il ?

A part son utilisation comme additif dans les denrées alimentaires, le gallate de propyle peut également servir dans les :

  • matériaux en contact avec les aliments ;
  • produits cosmétiques.

Selon les dispositions de la NGAA2 (Norme générale sur les additifs alimentaires), c’est un antioxygène. Il permet de conserver les aliments contre les dégradations causées par l’oxydation, comme le rancissement ou le changement de couleur.

Mais sa concentration maximale devrait être limitée à :

  • 50 mg/kg dans les légumes séchés, algues marines, fruits à coque et graines ;
  • 90 mg/kg dans les desserts lactés, à base de fruits, d’œufs, de céréales ou d’amidon ;
  • 100 mg/kg dans les produits de boulangerie, les graines céréalières, l’huile de beurre, les poissons et produits de la pêche ;
  • 200 mg/kg dans les amuse-gueules, les confiseries, les céréales pour petit déjeuner, les desserts à base de matière grasse, les décorations, les fines herbes, épices, assaisonnements et condiments, les potages et bouillons, les fruits à coque transformés, le lait et crème en poudre, les huiles et graisses végétales, les matières grasses tartinables, les produits à base de cacao et de chocolat, la viande, les pâtes et nouilles ;
  • 400 mg/kg dans les compléments alimentaires ;
  • 1.000 mg/kg dans les boissons à base d’eau aromatisée, les gommes à mâcher.

Présente-il des dangers pour la santé?

La législation sur le gallate de propyle

Il n’est autorisé ni dans les préparations pour nourrissons et enfants en bas âge, ni dans l’agriculture biologique. Mais il fait partie des substances affirmées comme GRAS3 (généralement reconnues comme sûres).

Le JEFCA (Comité mixte FAO/OMS d’experts sur les additifs alimentaires) a fixé une DJA de 1,4 mg/kg pc/jour4. Mais lors de la réévaluation de la sécurité de cet additif par l’EFSA5 (Autorité européenne de sécurité des aliments) en 2014, une nouvelle DJA a été établie : 0,5 mg/kg pc/jour.

En cas de forte exposition alimentaire, il se pourrait que cette DJA soit dépassée chez les adultes et les personnes âgées. Pour ces groupes de population, plus de 40 % de gallate de propyle consommé proviendrait des compléments alimentaires.

Est-il absorbé par l’organisme humain ?

Il est bien assimilé par le corps humain, où il sera hydrolysé afin de donner de l’alcool propylique et de l’acide gallique.

L’alcool propylique est utilisé par l’organisme dans d’autres métabolismes. Quant à l’acide gallique, il est transformé en acide 4-0-méthyl-gallique, avant d’être glucuronidé et évacué dans l’urine.

Est-il toxique ?

Faute de nouvelles données toxicologiques, l’EFSA se basait sur l’étude de toxicité utilisée par le JEFCA en 1996. Bien qu’il subsiste des incertitudes, le groupe scientifique de l’EFSA a estimé que le gallate de propyle (E310), utilisé comme additif alimentaire, ne présenterait pas de danger pour les consommateurs.

La base de données disponible n’a pas permis d’évaluer adéquatement la toxicité pour la reproduction. Quant aux études de toxicité chronique et de carcinogénicité, il a été conclu qu’il ne serait pas cancérigène. Mais selon le CIRC, cet additif serait probablement cancérigène.

In vitro, il serait génotoxique. Mais d’après le groupe scientifique de l’EFSA, les tests in vivo n’auraient révélé aucun problème génotoxique.

La toxicité aiguë serait faible, voire nulle. La NOAEL (dose sans effet nocif observé) serait de 135 mg/kg pc/jour pour les études à court terme et subchronique, et 300 mg/kg pc/jour en termes de toxicité pour le développement.

Quels seraient ses effets sur la santé ?

D’après les chercheurs, le gallate de propyle pourrait être à l’origine :

  • de troubles sanguins ;
  • de perturbation endocrinienne ;
  • d’irritation de l’estomac et des muqueuses buccales ;
  • de réactions allergiques.

Les tests in vitro ont montré un potentiel trouble lié à l’activité des récepteurs d’œstrogènes. Mais il serait difficile d’extrapoler ces résultats à l’activité œstrogénique in vivo, d’où la nécessité de mener d’autres études sur la reprotoxicité.

Pour résumer

  • Le gallate de propyle (E310) est un additif alimentaire synthétique, utilisé en tant qu’antioxydant.
  • Il est autorisé dans une large gamme de denrées alimentaires, mais à une concentration maximale limitée.
  • Il est interdit aussi bien dans l’alimentation infantile que dans les produits bio.
  • Il est considéré comme sûr aux Etats-Unis, et jugé comme inoffensif par l’Autorité européenne. Mais les bases de données exploitées pour la réévaluation de la sécurité de cet additif ont été assez limitées. Des incertitudes planent sur sa toxicité.
  • Il pourrait provoquer des problèmes sur l’activité des œstrogènes et la circulation sanguine.
  • Il pourrait également irriter l’estomac et les muqueuses buccales.
  • Il provoquerait des réactions allergiques. Mais les cas rapportés restent rares.
  • L’EFSA a fixé une DJA de 0,5 mg/kg pc/jour. Il y aurait de grand risque que cette DJA ne soit pas respectée chez les adultes et les personnes âgées.

En conclusion

D’après les autorités, une quantité raisonnable de gallate de propyle dans l’alimentation ne devrait pas causer de problème de santé. Mais il existe bon nombre de doutes sur la sécurité de cette substance pour son utilisation comme additif alimentaire. Par précaution, la consommation de cet excipient devrait être limitée, notamment chez les femmes enceintes, les femmes allaitantes et les jeunes enfants.