Sels de magnésium d’acides gras

Les sels de magnésium d’acides gras (E470b) sont des additifs synthétiques, composés d’acides gras et de sel de magnésium. Ils sont couramment utilisés dans les industries pharmaceutique et agroalimentaire. Mais ne sont-ils pas dangereux pour la santé ? Quels sont leurs atouts pour qu’ils soient si appréciés des industriels ?

En bref

Note globale
6 / 10
  • Naturalité
    Les acides gras sont d’origine animale ou végétale. Ils sont liés à du magnésium avec un solvant naturel (soude). Néanmoins, ils peuvent être OGM, contenir des nano et des résidus (métaux lourds, pesticides…).
  • Toxicité supposée
    Il ne présente pas de toxicité. Les graisses utilisées peuvent être hydrogénées et donc néfastes pour l’organisme à long terme. Les résidus de toxiques (pesticides, solvants), les traces de polluants ou l’origine OGM sont dans le même cas.
  • Manifestation secondaire
    Il ne présente pas d’effets secondaires.
  • Contre indication
    Il est interdit pour l’alimentation infantile et dans le bio.

Préferénces alimentaires

  • Additif naturel
    Naturel ou synthétique
  • Additif non nano
    Non nano
  • Additif non OGM
    Peut être OGM
  • Additif utilisable en bio
    Non utilisable en bio
  • Additif sans gluten
    Convient aux régimes sans gluten
  • Additif Hallal
    Peut être non Hallal
  • Additif vegan
    Peut être non Vegan

Définition des sels de magnésium d’acides gras

L’E470b regroupe les différents sels d’acides gras qui ont pour base le magnésium. Ce sont des additifs de synthèse, qu’on fabrique :

  • soit par réaction des acides gras avec du sel de magnésium (oxyde, chlorure, citrate, etc.) ;
  • soit par précipitation d’un mélange d’acides gras et d’hydroxyde de sodium suite à l’ajout d’un sel de magnésium.

Les principaux acides gras utilisés dans la production de l’E470b sont :

  • l’acide stéarique, qui permet d’obtenir le stéarate de magnésium ;
  • l’acide palmitique, qui permet d’obtenir le palmitate de magnésium.

Mais certains industriels ont parfois recours à d’autres acides gras, tels que les acides myristique et oléique.

Les sels de magnésium d’acides gras sont généralement composés d’au moins :

  • 6,5% de magnésium ;
  • 90 % d’acides gras.

La consommation de ces excipients ne présente-t-elle pas de risques pour la santé ?

Aucun problème de sécurité ?

En 2018, le groupe scientifique de l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) chargé de la réévaluation des additifs alimentaires a émis un avis favorable pour les sels de magnésium d’acides gras (E470b)1. D’après cette autorité, il n’y aurait même pas besoin de fixer une DJA (dose journalière acceptable) numérique.

L’EFSA reconnaît qu’aucune donnée toxicologique n’a été disponible concernant cette substance. L’évaluation a été basée sur le fait qu’ils devraient se dissocier dans le tractus gastro-intestinal. Ainsi, on aurait séparément des carboxylates d’acide gras et un cation de magnésium.

L’acide stéarique (E 570) a déjà fait l’objet de réévaluation par l’EFSA, et a été considéré comme non préoccupant pour la sécurité2, à doses raisonnables. De même, aux Etats-Unis, il figure dans la liste des substances GRAS3 (généralement reconnues comme sûres).

L’Anses (Agence national de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a également affirmé que l’acide stéarique n’aurait pas d’effet délétère pour la santé. Mais les acides palmitique et myristique seraient athérogènes en cas d’excès4.

Seraient-ils composés de nanoparticules ?

Dans un Avis scientifique de l’Anses, publié en mai 2020, les sels de magnésium d’acides gras (E470b) font partie des substances pour lesquelles la présence de nanomatériaux manufacturés est suspectée et non confirmée.

D’après cette autorité, les nanomatériaux sont des « matériaux manufacturés […] présentant au moins une dimension de l’ordre de 100 nm ou moins, et pouvant se retrouver sous la forme d’agrégats ou d’agglomérats dont les dimensions peuvent être supérieures à 100 nm ». Dans sa définition des nanoparticules, l’Anses ne tient compte ni du seuil de 50 % en nombre de particules, ni du caractère intentionnel de production, tel qu’ils sont définis dans la réglementation européenne sur les nanomatériaux5.

Les nanoparticules font mauvaise presse, car il semble que leurs propriétés seraient différentes de celles des mêmes matériaux mais de tailles plus grandes. Ils présenteraient de grands risques pour l’organisme humain.

Contribueraient-ils à l’apport en acides gras ?

Selon l’EFSA, les acides gras de l’E470b pourraient contribuer jusqu’à 5 % à l’apport total en acides gras saturés de toutes les sources alimentaires.

Le JEFCA (Comité mixte des experts de la FAO et de l’OMS sur les additifs alimentaires) a aussi indiqué, lors de l’évaluation de la sécurité du stéarate de magnésium6, que la consommation de ces additifs pourrait augmenter de 5 g/jour l’exposition aux acides stéarique et palmitique.

A noter : dans son rapport d’expertise relatif aux apports nutritionnels conseillés (ANC), l’Anses a recommandé un apport maximal de :

  • 8 % de l’AE (apport énergétique) pour les acides palmitique, myristique et laurique ;
  • 12 % de l’AE pour les acides gras saturés totaux, y compris l’acide stéarique.

Ces recommandations ont été basées pour un adulte consommant 2.000 kcal/jour. Etant donné qu’1 g de lipide fournirait environ 9 kcal, l’apport total en acides gras saturés ne devrait donc pas excéder 26 g/jour.

Augmenteraient-ils le taux de magnésium ?

Les sels de magnésium d’acides gras ne contiendraient qu’une très faible quantité de magnésium. On ne pourrait donc pas les compter dans l’apport en cet oligo-élément.
De toute façon, c’est un minéral essentiel dont la biodisponibilité est assez faible. Une alimentation équilibrée ne suffirait pas pour atteindre le besoin quotidien (350 mg/jour).

Les acides gras utilisés seraient-ils de mauvaise qualité ?

Les acides palmitique et stéarique peuvent être d’origine animale ou végétale. Dans la plupart des cas, ils seraient fabriqués à partir d’huiles de palme, de coton, de coco, de maïs, de tournesol…
C’est là où le bât blesse. Ces huiles végétales sont parfois de mauvaise qualité :

  • des matières premières issues de culture OGM ;
  • des huiles hydrogénées ;
  • des huiles contenant des résidus de pesticides et d’hydrocarbures.

La qualité des graisses utilisées aurait-elle des incidences sur les sels de magnésium d’acides gras ? Oui. Lors de la dégradation de cet additif, les carbones d’acides gras se séparent du cation de magnésium, et chaque molécule suit son cours individuellement dans l’organisme. Les acides gras de mauvaise qualité auraient toujours des conséquences néfastes sur la santé.

A quoi servent-ils ?

Dans l’industrie agroalimentaire, les sels de magnésium d’acides gras sont utilisés, selon les bonnes pratiques de fabrication (BPF), comme :

  • antiagglomérant, empêchant ainsi les poudres de se coller les unes aux autres ;
  • émulsifiant, permettant d’obtenir un mélange homogène des ingrédients ;
  • épaississant, aidant à augmenter la viscosité de la préparation ;
  • stabilisant, pour maintenir une dispersion uniforme des ingrédients, tout en gardant leur état physico-chimique ;
  • lubrifiant, offrant plus de fluidité aux aliments et aux compléments alimentaires ;
  • agent d’enrobage, afin de mieux avaler les comprimés ou les capsules, et également pour retarder la libération des nutriments et des principes actifs, de sorte ceux-ci soient assimilés au bon endroit, au bon moment.

On peut les trouver dans diverses catégories de denrées alimentaires, dont les :

  • boissons alcoolisées ou non ;
  • laits et crèmes ;
  • fromages ;
  • desserts lactés ou à base de matière grasse ;
  • lactosérum liquide ;
  • matières grasses ;
  • glaces de consommation ;
  • fruits transformés ;
  • légumes et produits à base de légumes ;
  • confiseries ;
  • produits de boulangerie ;
  • pâtes et nouilles ;
  • viandes ;
  • boyaux comestibles ;
  • poissons et produits de la pêche ;
  • aliments diététiques ;
  • compléments alimentaires ;
  • épices, sauces, assaisonnements ;
  • édulcorants de table.

Ils ne sont pas autorisés dans l’alimentation infantile et dans les produits bio.

Pour résumer

  • Les sels de magnésium d’acides gras (E470b) sont des additifs alimentaires synthétiques.
  • On les fabrique par la liaison d’un sel de magnésium avec des acides gras, ou avec une solution aqueuse composée d’acides gras et de l’oxyde de sodium.
  • Ils contiennent environ 5 % de magnésium et au moins de 90 % d’acides gras.
  • Les fabricants utilisent souvent de l’acide stéarique ou palmitique.
  • L’additif E470b est couramment utilisé dans les aliments transformés ainsi que dans les compléments alimentaires et les médicaments, sous forme de comprimés ou de capsules.
  • Ces excipients ne sont pas autorisés dans les produits bio, ni dans les aliments pour nourrissons et enfants en bas âge.
  • D’après les autorités sur la sécurité des aliments, ils ne présenteraient aucun danger pour la santé humaine.
  • L’Anses suspecte que ces substances pourraient contenir des nanoparticules, et les classe parmi les matières à risques.
  • Il n’y a aucune DJA à respecter pour cet additif.
  • Il n’y aurait aucun risque qu’ils provoquent un surdosage de magnésium. Mais l’exposition aux acides palmitique et stéarique résultant de la consommation de ces substances est estimée à 5 g/jour.

En conclusion

Les sels de magnésium d’acides gras sont des additifs de synthèse, qu’on obtient à partir de deux molécules. En général, ils ne devraient pas causer de problèmes de santé. Mais le fait qu’ils seraient constitués de nanoparticules ferait de ces excipients des matières à risques. Il serait donc plus prudent de ne pas abuser des aliments et des compléments alimentaires contenant ces additifs.