La croscarmellose sodique peut aussi être appelée « carboxyméthylcellulose sodique » ou « gomme cellulosique » ou « gomme de cellulose ». C’est un additif alimentaire très courant dans l’industrie agro-alimentaire, les produits pharmaceutiques et les cosmétiques. Mais quelles sont ses vertus ? A quoi sert-elle ? Quels sont les risques associés à sa consommation ?
En bref
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NaturalitéLa croscarmellose sodique est issue de cellulose végétale mais elle subit des transformations qui ne la rendent pas du tout naturelle.
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Toxicité supposéeElle impacte négativement la flore intestinale et pourrait aussi favoriser les maladies inflammatoires de l’intestin. L’Association française pour la recherche thérapeutique anti-cancéreuse (ARTAC) considère cet additif comme possiblement cancérigène. Sa toxicité a été relevée chez la souris.
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Manifestation secondaireA forte dose, elle peut provoquer des troubles gastro-intestinaux. Elle pourrait contribuer aux états anxieux.
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Contre indicationElle n’est pas autorisée pour les nourrissons.
Préferénces alimentaires
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Additif naturelSynthétique
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Additif non nanoPeut être nano
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Additif non OGMPeut être OGM
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Additif utilisable en bioNon utilisable en bio
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Additif sans glutenConvient aux régimes sans gluten
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Additif HallalConvient aux régimes Hallal
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Additif veganConvient aux régimes Vegan
Définition
Le croscarmellose sodique est communément abrégée en « Na-CMC » (pour « carboxyméthylcellulose de sodium »), ou tout simplement « CMC ». Elle fait partie du groupe des celluloses modifiées, et est codée par le Codex Alimentarius1 sous le numéro E466.
Il s’agit du sel de sodium de la carboxyméthylcellulose. C’est une molécule de synthèse, un polymère produit à partir de matières végétales fibreuses (coton, bois…). Elle est pratiquement non absorbée par le tube digestif.
Elle se présente sous forme d’une poudre blanche ou un peu jaunâtre ou grisâtre, inodore, fibreuse, fluide. Elle se démarque par sa grande capacité d’absorption d’eau.
A quoi sert-elle ?
D’après le Codex Alimentarius, cet additif alimentaire peut endosser plusieurs fonctions :
- affermissant ;
- agent d’enrobage ;
- agent de charge ;
- émulsifiant ;
- épaississant ;
- gélifiant ;
- humectant ;
- stabilisant.
Dans le règlement (UE) N° 1130/20112 de la Commission du 11 novembre 2011, la croscarmellose sodique (E466) peut être utilisée comme additif dans :
- les denrées alimentaires ;
- les additifs alimentaires ;
- les enzymes alimentaires ;
- les nutriments ;
- les aliments diététiques destinés à des fins médicales pour nourrissons et enfants en bas âge.
Les industriels dans l’agro-alimentaire peuvent l’utiliser dans diverses catégories de denrées alimentaires, dont :
- les produits laitiers ;
- les sucres et sirops ;
- les boissons chaudes à base de céréales et de grains ;
- les produits de la pêche ;
- les produits à base d’œufs ;
- les pâtes et les nouilles ;
- les succédanés de sel ;
- la viande ;
- les boissons à base de lait ;
- les matières grasses et produits à base de matières grasses ;
- les émulsions grasses et produits à base d’émulsions grasses ;
- les légumes et produits à base de légumes ;
- les confiseries ;
- les produits de boulangerie ;
- les vins et les bières ;
- les épices, levures, assaisonnements, potages et bouillons.
Peut-on la consommer sans risques ?
La législation sur la gomme de cellulose
En Europe, la croscarmellose sodique3 fait partie de la liste de l’Union des additifs alimentaires. Elle a été réévaluée par l’EFSA (Autorité européenne sur la sécurité des aliments) en 2017, au même titre que toutes les celluloses.
Toutefois, son autorisation spécifique devra être établie par l’EFSA dans le cadre de la prochaine réévaluation. L’appel à données pour cette nouvelle étude a été fermé le 31 décembre 2019. Aux Etats-Unis, la FDA (Food and Drug Administration) la considère comme généralement reconnue comme sûre (GRAS), à condition que la quantité utilisée soit conforme aux bonnes pratiques de fabrication4 (BPF).
Elle n’est pas autorisée en alimentation bio, que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis. Elle est également interdite dans les préparations infantiles, sauf dans les aliments diététiques à des fins médicales.
Croscarmellose sodique et troubles gastro-intestinaux : existe-t-il des effets secondaires ?
Les chercheurs indiquent la possibilité de survenue de troubles gastro-intestinaux : diarrhée, constipation, ballonnement, problème digestif…Mais cela ne devrait se produire qu’en cas de consommation à forte dose.
Une étude de l’INSERM de 2015 a révélé que la gomme de cellulose pouvait modifier la flore intestinale chez la souris. En 2021, l’institut a fait une étude5 sur des humains. Au bout de 15 jours, le groupe qui a consommé de l’E466 présentait une altération du microbiote intestinal « avec une diminution nette de la quantité de certaines espèces [de bactéries] connues pour jouer un rôle bénéfique en santé humaine ». Sur le plan clinique, « ces participants étaient plus sujets à des douleurs abdominales et à des ballonnements intestinaux ». L’étude suppose que cet additif « pourrait impacter négativement le microbiote intestinal et par conséquent favoriser les maladies inflammatoires chroniques ainsi que des dérégulations métaboliques chez l’humain»6.
Est-elle fermentée par la flore intestinale?
D’après l’EFSA, les celluloses ne seraient pas absorbées par l’organisme, et seraient excrétées intactes dans les fèces. La croscarmellose sodique est modifiée ; elle pourrait être fermentée par la flore intestinale.
Ce n’est pas néfaste pour la santé. Le microbiote intestinal fermente les fibres pour le bon fonctionnement de l’organisme. D’après l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médical), la fermentation des substrats et des résidus alimentaires non digestibles fait partie des fonctions digestives de la flore intestinale7.
Des doutes sur les particules nanotechnologiques ?
Certains ont des doutes sur l’origine de la croscarmellose sodique ou E466 : elle serait un dérivé de la cellulose microcristalline, un excipient constitué de nanoparticules.
Il faut noter qu’aucune étude n’a justifié jusqu’à ce jour que la carboxyméthylcellulose de sodium serait exposée à des risques liés à des nanoparticules.
Selon l’EFSA, cette substance ne présenterait que de faible toxicité aiguë. Elle ne serait ni cancérigène ni génotoxique.
Cette autorité n’a même pas jugé indispensable de fixer de dose journalière acceptable (DJA). La concentration de l’additif dans les denrées alimentaires suit le principe du quantum satis, ce qui permet aux fabricants d’utiliser la quantité raisonnablement nécessaire.
Et sur les souris ?
En revanche, quelques études sur la souris rapportent que ce type d’émulsifiant a des effets sur la perméabilité et la flore intestinale. Ceci peut provoquer des déséquilibres inflammatoires et auto-immuns. Et donc certaines pathologies : maladie de Crohn, cancer du côlon, syndrome métabolique, allergies.
D’autre part, une étude de 2019 a fait un lien entre la consommation de gomme de cellulose et la manifestation de troubles anxieux chez les souris8.
Pour résumer
- La croscarmellose sodique est un additif alimentaire appartenant à la famille des celluloses modifiées ; elle porte le numéro E466.
- C’est un excipient synthétique, fabriqué à partir de fibres végétaux.
- Elle peut être utilisée dans les produits pharmaceutiques, dans les cosmétiques et dans une large gamme de denrées alimentaires.
- Selon les autorités européennes et américaines, elle ne serait pas dangereuse pour la santé humaine. Aucune dose journalière admissible n’a été spécifiée. Des études sur la souris disent le contraire.
- Elle n’est pas autorisée dans le bio, ni dans les aliments pour nourrissons et enfants en bas âge.
- Jusqu’à ce jour, aucune étude n’a indiqué que la CMC sodique présenterait des risques liés à des particules nanotechnologiques.
- Une consommation à forte dose de cet excipient pourrait déclencher des troubles gastro-intestinaux, comme la diarrhée ou la constipation.
En conclusion
D’après les autorités, la croscarmellose sodique ne provoquerait pas d’effet néfaste pour la santé. Toutefois, bien qu’aucune limite n’ait été fixée concernant la dose quotidienne acceptable, il vaudrait mieux modérer la consommation des produits contenant cet excipient.
- 1: 🔗 http://www.fao.org/gsfaonline/additives/details.html?id=51
- 2: 🔗 https://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2011:295:0178:0204:FR:PDF
- 3: 🔗 https://www.efsa.europa.eu/fr/efsajournal/pub/5047
- 4: 🔗 https://www.accessdata.fda.gov/scripts/cdrh/cfdocs/cfcfr/CFRSearch.cfm?fr=182.1745
- 5: 🔗 https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/microbiote-intestinal-flore-intestinale
- 6: 🔗 https://www.nature.com/articles/s41598-018-36890-3
- 7: 🔗 https://presse.inserm.fr/un-additif-alimentaire-couramment-utilise-altererait-le-microbiote-et-lenvironnement-intestinal-humain/44394/
- 8: 🔗 https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0016508521037288