Les Microplastiques sont Partout

Les déchets plastiques sont présents partout : dans les lieux d’enfouissement d’ordures, dans les océans où ils forment de véritables continents, et même dans notre nourriture au quotidien. Et parmi ces déchets, il y a les microplastiques ; ils envahissent le sol, l’océan, les végétaux, les animaux, et même notre organisme et notre sang. Ils sont discrets et insidieux.

Définition

Ce sont des microparticules de plastique, dont la taille est comprise entre 5 mm et quelques centaines de nanomètres. Avec des dimensions 70 fois plus petites que l’épaisseur d’un cheveu, ils sont souvent invisibles à l’œil nu.

Les microplastiques peuvent être constitués de divers polymères :

  • le polyéthylène (sacs à usage unique, boîtes alimentaires) ;
  • le polypropylène (boîtes alimentaires) ;
  • le polystyrène (dispositifs de calage et d’emballage).

Les boîtes en plastique des compléments alimentaires sont souvent fabriquées à partir de PE (polyéthylène) ou de PET (polytéréphtalate d’éthylène).

Outre les macromolécules de plastique qui les constituent, ils comportent également des additifs, utilisés pour la fabrication des objets à l’origine des déchets. Ils contiennent aussi de nombreuses bactéries. Ces dernières se fixent à leur surface ; ce sont de véritables contaminants.

Selon leur origine, on distingue deux types :

  • les microplastiques primaires, qui existent directement sous leur taille microscopique, et sont déversés sous cette forme dans l’environnement ;
  • secondaires : ils sont de taille plus importante. Ils se sont dégradés sous l’effet des intempéries, des frottements, de l’exposition au soleil, etc.

Les microplastiques primaires sont essentiellement issus des cosmétiques et des vêtements synthétiques. En effet, ce matériau apporte une texture glissante à de nombreuses crèmes, tandis que le lavage à la machine dégrade les textiles synthétiques. Ce qui entraîne la propagation de particules dans les eaux usées. Parmi les autres sources, on retrouve la peinture de revêtement pour bateaux, les pneus, et les poussières urbaines (dégradations d’habitations, matériaux de construction, produits détergents, etc.)

Leur trajet suit différents vecteurs. La majorité de ces déchets plastiques sont emportés par le ruissellement sur les routes et les eaux usées. Une petite partie est déplacée par le vent et les courants océaniques.

Dans la nature

Ils sont rejetés dans le sol (52 %) et les océans (48 %), affectant plusieurs milieux de vie ainsi que de nombreuses espèces.

Les microplastiques dans l’océan et les rivières

Une étude menée par Orb Media1 a montré que 94 % de l’eau du robinet aux États-Unis et 72 % de l’eau du robinet en Europe en renferment. Même chose pour les eaux minérales : en analysant 250 bouteilles issues de 9 pays différents, l’étude dirigée par cet organisme a découvert que chaque litre d’eau contient en moyenne 40 particules. Ces résultats attestent de la présence de ces minuscules déchets plastiques dans les sources utilisées pour approvisionner les villes et les producteurs d’eau en bouteilles.

Une autre analyse2 a mis en évidence la présence de microplastiques dans les océans, montrant que 16 marques de sel sur 17, ainsi que 80 % des moules britanniques comportent ces fragments polluants.

Ils sont aussi présents dans l’eau, plus particulièrement dans la mer, affectant la faune qui y vit. En effet, les particules adhèrent aux branchies et au système digestif des poissons, entraînant du stress, des difficultés respiratoires, ainsi que des problèmes pour capturer et digérer les aliments. Par ailleurs, elles se transmettent tout au long de la chaîne alimentaire. Ce qui nuit à un grand nombre d’espèces dans la mesure où elles se dégradent très lentement, sur plusieurs centaines d’années.

Terre et cycle de l’eau

La majorité des particules finissent dans la terre et continuent à se répandre avec les pratiques actuelles. Par exemple, les eaux des égouts qui viennent se répandre sur les boues résiduelles en contiennent une grande quantité. Or, ces boues sont acheminées vers les champs pour servir d’engrais, envahissant ainsi les surfaces de culture à grande échelle.

Aujourd’hui, on repère aussi des microplastiques dans les montagnes (en haute montagne et dans les sommets enneigés). Ces découvertes laissent supposer que ces déchets plastiques ont intégré le cycle de l’eau, et se retrouvent alors dans les montagnes. Compte tenu de la taille microscopique des fragments, les chercheurs soupçonnent ce phénomène depuis un certain temps, et les études actuelles visent à le démontrer scientifiquement3.

Végétaux

Présents dans la terre, les microplastiques sont également aspirés par les végétaux, y compris les légumes et les fruits que nous consommons.

Une étude4 menée par des scientifiques américains et chinois sur des espèces Arabidopsis thaliana a montré l’impact des particules sur la croissance de la plante. Les polluants absorbés par les racines et accumulés dans les tissus des végétaux réduisent leur croissance de moitié. Ce qui affecte les vaisseaux et la sève. Outre cette diminution du développement de la plante, ils réduisent également leur résistance aux maladies.

En Italie, des chercheurs de l’université de Catane en Sicile5 en ont retrouvé dans plusieurs fruits et légumes prélevés chez des marchands locaux. Une autre étude6 publiée conjointement par l’Institut Yantai (Chine) et l’Université de Leiden (Pays-Bas) affirme par ailleurs que les plantes sont capables d’aspirer des particules de 2 micromètres, et même plus. En effet, les nouvelles racines présentent des fissures par lesquelles les microplastiques parviennent à pénétrer en raison de leur relative flexibilité.

Les fruits présentent davantage de particules en raison de leur système racinaire plus développé. Toutefois, certains légumes comme la laitue et la carotte s’avèrent particulièrement sensibles.

Microplastiques dans le sang

Présents dans le sel de mer utilisé pour l’assaisonnement au quotidien, ainsi que de nombreux aliments d’origine végétale et animale, ils sont évidemment présents dans le corps humain. Ils atteignent particulièrement les personnes qui boivent de l’eau en bouteille.

Ainsi, une étude parue en octobre 20207 a démontré qu’un bébé nourri au biberon ingère plus d’un million de particules par jour, car ces substances se détachent du biberon en question. En 2021, d’après une autre étude portant sur une population composée de personnes d’âges différents (bébés, enfants, adultes), les selles des bébés en contiennent 10 fois plus par rapport à celles des adultes.

Cependant, les adultes ne sont pas pour autant à l’abri. Une équipe néerlandaise de l’Université de Vrije vient de publier les résultats d’une étude8 menée sur un échantillon de 22 individus adultes en bonne santé. 17 d’entre eux ont présenté des polymères dans le sang. Il s’agissait de polyéthylène téréphtalate (PET), de polystyrène et de polyéthylène. La teneur moyenne en microplastiques était de 1,6 microgrammes par millilitre de sang.

Outre l’ingestion par voie orale, il est également possible d’en absorber par le biais de l’air respiré. Et justement, une autre étude9 communiquée début avril 2022 par des chercheurs de la Faculté de médecine de Hull York démontre leur présence dans les poumons de certains individus. En effet, 11 personnes sur 13 ont présenté des microfragments. Et plus étonnant encore, sur les 39 particules ainsi découvertes, 21 se situaient dans la partie inférieure des voies respiratoires, censée être difficilement accessible par les polluants. En effet, les particules indésirables doivent normalement être piégées dans la partie supérieure, mais elles réussissent apparemment à déjouer ces protections.

Ces différentes recherches s’avèrent préoccupantes. Même si on ne connaît pas encore les véritables impacts de la présence de microplastiques dans le corps humain et dans le sang, cela est susceptible de présenter un réel danger. Une étude parue en août 202110 a déjà montré leur capacité à adhérer aux membranes extérieures des globules rouges, réduisant leur capacité à transporter l’oxygène. Des publications scientifiques ont également révélé leur présence dans le placenta de femmes enceintes. Même si les conséquences chez le bébé à naître n’ont pas pu être établies, la question inquiète.

Comment y remédier ?

Pour y remédier, des changements peuvent être mis en œuvre, afin d’éviter la diffusion des microplastiques dans la nature.

Bien évidemment, les industriels nous font l’apologie du recyclage. Mais en France, seuls 28% des déchets plastiques ont été recyclés en 202011.

Pour les compléments alimentaires et aliments, l’utilisation de contenants compostables est une alternative intéressante.

Par ailleurs, nous vous conseillons vivement d’éviter les produits qui en contiennent.