Sorbitol

Le sorbitol (E420) est un sucre-alcool qu’on peut trouver dans les denrées alimentaires, les médicaments et les produits cosmétiques. Mais à quoi sert-il ? Quels sont ses avantages par rapport au sucre ? Fait-il partie des édulcorants dangereux ? Quels sont les risques liés à sa consommation ? Existe-t-il des effets secondaires ?

En bref

Note globale
7 / 10
  • Naturalité
    Il existe à l’état naturel, mais il est synthétisé à partir d’amidon végétal. Il est possible qu’il soit OGM, le maïs étant souvent utilisé.
  • Toxicité supposée
    Il ne présente pas de toxicité.
  • Manifestation secondaire
    Il ne présente pas d’effets néfastes sur la santé. A forte dose, il entraîne des désordres digestifs.
  • Contre indication
    Aucune contre-indication.

Préferénces alimentaires

  • Additif naturel
    Synthétique
  • Additif non nano
    Non nano
  • Additif non OGM
    Peut être OGM
  • Additif utilisable en bio
    Non utilisable en bio
  • Additif sans gluten
    Convient aux régimes sans gluten
  • Additif Hallal
    Hallal
  • Additif vegan
    Convient aux régimes vegan

Définition

Le sorbitol est une molécule de D-glucitol, avec une formule brute de C6H14O6. C’est un édulcorant de masse, du type polyol (ou polyalcool), dont le pouvoir sucrant est de 40 % de moins que celui du saccharose (le sucre de table). Il a une valeur calorique faible : 2,4 kcal/g, soit 35 % de moins que celle du sucre.

Il figure dans la liste des additifs alimentaires du Codex Alimentarius, sous le numéro E420(i).

Les fruits et les baies, telles les pommes, les mûres, les pruneaux et les raisins secs, en contiennent naturellement. Mais sur le plan industriel, il est fabriqué synthétiquement, à partir de glucose (dextrose) d’origine végétale. Le glucose utilisé provient généralement d’amidons traités avec des enzymes.

Cet excipient a une saveur sucrée, avec une sensation de fraîcheur dans la bouche, sans arrière-goût. Il a une grande capacité d’absorption d’eau, une propriété qui permet d’avoir une texture moelleuse dans certains produits.

L’organisme humain n’absorbe qu’une petite partie du sorbitol ingéré, et ce, de façon très lente. La quantité assimilée est transformée en fructose, le reste est évacué dans les fèces.

A quoi sert-il ?

Il peut servir d’ingrédient dans plusieurs produits, notamment dans :

  • l’industrie agro-alimentaire (les aliments, les nutriments, les arômes et les compléments alimentaires) ;
  • l’industrie pharmaceutique (les médicaments) ;
  • les produits cosmétiques (les rouges à lèvres, les dentifrices, etc.).

Dans l’industrie agro-alimentaire, il peut être utilisé comme :

  • antiagglomérant ;
  • émulsifiant ;
  • affermissant ;
  • humectant ;
  • lubrifiant ;
  • édulcorant ;
  • stabilisant ;
  • épaississant ;
  • séquestrant ;
  • agent de texture ;
  • exhausteur de goût ;
  • agent de charge ;
  • support d’additif.

Aux Etats-Unis, les bonnes pratiques de fabrication permettent d’ajouter le sorbitol jusqu’à une dose maximale1 de :

  • 99 % dans les bonbons durs et les bonbons contre la toux ;
  • 98 % dans les bonbons mous ;
  • 75 % dans le chewing-gum ;
  • 30 % dans les confitures, les gelées, les produits de boulangerie et les pâtisseries ;
  • 17 % dans les desserts et les produits laitiers surgelés ;
  • 12 % dans les autres aliments.

Dans l’Union européenne2, il se trouve surtout dans les aliments sans sucres ajoutés et les produits à valeur énergétique réduite. Il peut être utilisé par exemple dans :

  • les confiseries ;
  • les crèmes ;
  • les fromages ;
  • les fruits transformés ;
  • les légumes et produits à base de légumes ;
  • les céréales et desserts à base de céréales ;
  • les viandes ;
  • les poissons et produits de la pêche ;
  • les assaisonnements, les épices, les sauces, les moutardes ;
  • les salades ;
  • les boissons énergétiques ou électrolytes et les boissons pour sportifs ;
  • les boissons alcoolisées.

En quoi est-il dangereux pour la santé ?

La législation

Que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis, le sorbitol (E420) n’est pas autorisé dans les produits bio, ni dans l’alimentation infantile.

En tant que polyol, il est interdit dans les boissons non alcoolisées.

En Europe, toute denrée alimentaire contenant un édulcorant, dont cette substance, doit comporter la mention : « avec édulcorant ».

Serait-il produit à partir de matières premières OGM ?

C’est l’amidon de maïs qui serait le plus utilisé dans la production de glucose nécessaire dans la fabrication du sorbitol. Or, « amidon de maïs » rimerait toujours avec « maïs génétiquement modifié ». De même, les enzymes seraient aussi produites à partir de bactéries génétiquement modifiées.

Contiendrait-il donc des substances génétiquement modifiées ?

Il serait difficile de le prouver. Les industriels ne sont pas tenus de préciser la source du glucose qu’ils utilisent.

De toute façon, pourrait-on encore tracer les modifications génétiques effectuées au maïs et aux enzymes après les diverses manipulations physico-chimiques dans le cadre de la fabrication de cette substance ?

Le sorbitol provoquerait-il des effets secondaires gastro-intestinaux ?

La quantité non absorbée pourrait être fermentée par le gros intestin, ce qui pourrait provoquer des troubles gastro-intestinaux, principalement des ballonnements et de la diarrhée. Mais de tels cas ne se produiraient généralement qu’en cas de forte consommation journalière.

Une forte consommation peut être quantifiée à 50 g pour les adultes, 20 g pour les enfants (voire moins, en fonction de la masse corporelle de l’enfant).

Il faut savoir qu’une confiserie sans sucre pourrait contenir environ 2,5 g de cette substance, une barre de chocolat à peu près 10 g.

Aux Etats-Unis, les aliments susceptibles d’entraîner une consommation quotidienne de 50 g doivent afficher la mention « Une consommation excessive peut avoir un effet laxatif » sur leur étiquette.

Dans l’Union européenne, de telle mention est exigée par le règlement (UE) N° 1169/20113, pour les denrées contenant plus de 10 % de polyol.

A noter : à hautes doses, il pourrait provoquer d’autres problèmes bien plus graves que les troubles gastro-intestinaux, comme des cataractes et des neuropathies.

Quels risques pour les diabétiques ?

Le sorbitol n’aurait quasiment pas d’effet sur le taux de la glycémie. Ce maintien du taux de sucre dans le sang serait dû au métabolisme de cet excipient :

  • L’absorption de cet excipient se fait lentement, ce qui diminue la réaction du glucose sur l’insuline
  • La transformation du glucose en énergie ne nécessite que très peu d’insuline.
  • Le fait qu’il ne soit pas complètement absorbé contribue à la diminution de la sécrétion d’insuline.
  • La quantité non assimilée, qui continue son parcours dans le gros intestin ne produirait plus de calories, ce qui permet à cette substance de fournir deux ou trois fois moins de calories que le sucre.

Ainsi, il ne constituerait pas un risque pour les diabétiques. Il est même le substitut de sucre le plus courant dans les aliments destinés aux diabétiques.

Est-il cariogène ?

Certains édulcorants sont connus pour leur effet néfaste sur la santé bucco-dentaire. Ils favoriseraient la croissance des bactéries orales, qui produisent les acides responsables de la destruction de l’émail des dents.

Mais le sorbitol n’en ferait pas partie. Certaines bactéries buccales ne pourraient pas le fermenter. Il réagirait donc partiellement contre le métabolisme bactérien, ce qui le permettrait d’être moins cariogène que le sucre.

Les autorités sur la sécurité des aliments ont même indiqué qu’il pourrait être utilisé dans les soins dentaires. En effet, il serait efficace dans la réparation de l’émail des dents et dans l’amélioration de la santé bucco-dentaire.

Quels types de personnes devraient l’éviter ?

Compte tenu de ses propriétés, ne devraient pas consommer des produits contenant du sorbitol :

  • les personnes qui souffrent de nausées, de vomissements et de douleur gastrique ;
  • celles qui sont extrêmement sensibles aux effets laxatifs ;
  • celles présentant une intolérance au fructose ;
  • celles qui suivent un régime pauvre en FODMAP (oligosaccharides fermentescibles, disaccharides, monosaccharides et polyols).

Pour les femmes enceintes et allaitantes, elles devraient demander l’avis de leur médecin avant d’en consommer.

Ceux qui suivent un traitement contre l’hyperkaliémie ou l’hypokaliémie devraient également limiter leur consommation. L’effet laxatif pourrait leur être fatal.

Que disent les autorités sur la sécurité des aliments ?

Selon la FDA (Food and Drug Administration), le sorbitol (E420) est GRAS4 (généralement reconnu comme sûre). L’EFSA (Autorité européenne sur la sécurité des aliments) n’a pas jugé nécessaire de fixer une DJA (dose journalière acceptable). D’après les critères de pureté5 que cette autorité a fixés, cet excipient pourrait contenir pas plus de :

  • 50 mg/kg de chlorures ;
  • 100 mg/kg de sulfates ;
  • 2 mg/kg de nickel ;
  • 3 mg/kg d’arsenic ;
  • 1 mg/kg de plomb ;
  • 10 mg/kg de métaux lourds.

La Santé Canada a également conclu que cet additif ne représenterait aucun risque pour la santé humaine6. Toutefois, pour que les consommateurs puissent déterminer la quantité qu’ils ingèrent, les fabricants doivent indiquer sur les étiquettes la teneur de cet excipient.

Pour résumer

  • Le sorbitol (E420) est un additif alimentaire appartenant à la famille des édulcorants.
  • C’est un polyol, un édulcorant massique qui a un pouvoir sucrant inférieur à celui du sucre de table.
  • Sa valeur calorique est plus faible que celle du sucre.
  • C’est un excipient de synthèse, produit à partir de glucose.
  • Il se pourrait que le glucose utilisé soit produit à partir d’amidon de maïs OGM ou d’enzymes de bactéries OGM. Mais son processus de fabrication ne devrait plus permettre à cet excipient de contenir encore des traces de modifications génétiques.
  • Il est absorbé partiellement et lentement par l’organisme. La quantité assimilée est transformée en fructose, le reste est excrété.
  • En tant qu’additif alimentaire, il peut être utilisé à des fins autres que l’édulcoration.
  • Il est interdit dans l’alimentation infantile et dans la filière bio.
  • Il est surtout présent dans les aliments à valeur énergétique réduite, dans les produits sans sucres ajoutés et dans les denrées pour les diabétiques.
  • D’après les autorités, il serait inoffensif pour la santé humaine.
  • Il serait moins cariogène que le sucre.
  • Il serait adapté aux diabétiques, car il n’augmenterait pas le taux de sucre dans le sang.
  •  Une consommation journalière à hautes doses pourrait provoquer un effet laxatif, des troubles gastro-intestinales, voire des cataractes et des neuropathies.
  • Il est déconseillé aux intolérants au fructose, aux personnes sensibles aux effets laxatifs ou suivant un régime pauvre en FODMAP.
  • Les femmes enceintes ou allaitantes devraient demander conseil à leur médecin avant d’en consommer.
  • L’effet laxatif pourrait causer de graves dangers à ceux qui suivent un traitement contre l’hyperkaliémie ou l’hypokaliémie.

En conclusion

Toutes les autorités s’accordent à conclure que le sorbitol serait inoffensif, même pour les diabétiques. Mais en même temps, elles mettent en garde sur les risques liés à une consommation excessive de cet excipient. Ainsi, même si aucune dose journalière maximale n’a été fixée, il vaudrait mieux limiter sa quantité à ingérer à moins de 50 g/jour pour les adultes, moins de 20 g/jour pour les enfants.