Polysorbate 80

Le polysorbate 80, connu sous le numéro de code E433, est un additif alimentaire de la famille des émulsifiants. C’est un excipient d’origine animale ou végétale, très utilisé dans les industries agro-alimentaire et pharmaceutique. Quelles sont ses propriétés ? Figure-t-il parmi les émulsifiants considérés comme dangereux pour l’intestin ? Peut-on le consommer sans risques ?

En bref

Note globale
3 / 10
  • Naturalité
    Il est synthétisé à partir d’acides gras, des solvants sont utilisés.
  • Toxicité supposée
    Diverses études montrent que le polysorbate 80 peut perturber les intestins et être un facteur de risque de nombreuses maladies, y compris cancéreuses. Ses propriétés chimiques font qu’il est assimilé au niveau cellulaire.
  • Manifestation secondaire
    Un lien avec les troubles anxieux a été établi chez les souris.
  • Contre indication
    Il n’y a aucune contre-indication officielle à son ingestion.

Préferénces alimentaires

  • Additif naturel
    Synthétique
  • Additif non nano
    Non nano
  • Additif non OGM
    Peut être OGM
  • Additif utilisable en bio
    Non utilisable en bio
  • Additif sans gluten
    Convient aux régimes sans gluten
  • Additif Hallal
    Potentiellement non Halall
  • Additif vegan
    Potentiellement non Vegan

Définition

Le polysorbate 80, portant le code E433, est aussi appelé « Tween 80 » ou « Monooléate de polyoxyéthylène sorbitane ». C’est un additif alimentaire synthétique, produit à partir de sorbitol (E420), dans le cadre d’un processus en trois étapes :

  • on retire l’eau du sorbitol, afin d’obtenir le sorbitane ;
  • le sorbitane est estérifié avec de l’acide oléique, palmitique ou linoléique ;
  • on ajoute l’oxyde d’éthylène, en présence d’un catalyseur.

L’acide gras naturel, utilisé durant le processus de fabrication de cette substance, peut être d’origine animale ou végétale.

A quoi sert-il ?

En tant qu’émulsifiant, le polysorbate 80 est utilisé pour donner aux denrées alimentaires la texture qui leur est convenable. Il agit comme un détergent, liant l’eau et le gras, offrant donc une parfaite homogénéité aux aliments.

Il permet, par exemple :

  • à la crème glacée d’avoir une texture onctueuse ;
  • à la mayonnaise de se stabiliser ;

Ainsi, il est présent dans de nombreux aliments : les produits laitiers, le lait de coco, les pâtisseries, les confiseries, les bouillons, les sauces, les chewing-gums, etc.

Dans l’industrie pharmaceutique, il sert d’agent solubilisant et stabilisant. Il peut se trouver dans les comprimés, les gouttes pour les yeux, les vaccins, les huiles de vitamine, ou les préparations intraveineuses.

Est-il vraiment dangereux pour la santé ?

La législation

Le polysorbate 80 est interdit dans l’alimentation biologique.

Son utilisation dans les denrées alimentaires est soumise à des conditions de quantité. Le Codex Alimentarius a fixé la dose maximale d’utilisation de cet excipient à :

  • 10 mg/kg dans le sel ;
  • 120 mg/kg dans les boissons alcoolisées aromatisées, les spiritueux avec plus de 15 % d’alcool ;
  • 500 mg/kg dans les boissons à base d’eau aromatisée, les préparations à base de cacao ;
  • 1.000 mg/kg dans les glaces, les confiseries au sucre, les décorations alimentaires, les produits laitiers fermentés aromatisés, les soupes et potages ;
  • 1.500 mg/kg dans les boyaux comestibles ;
  • 2.000 mg/kg dans les salades et pâtes à tartiner ;
  • 3.000 mg/kg dans les produits de boulangerie fine, les desserts ;
  • 4.000 mg/kg dans les produits similaires au lait et à la crème en poudre ;
  • 5.000 mg/kg dans les succédanés de lait et de crème, les chewing-gums, les sauces émulsionnées ;
  • 10.000 mg/kg dans les émulsions de matières grasses pour pâtisserie ;
  • 25.000 mg/kg dans les compléments alimentaires, qu’ils soient sous forme solide, liquide ou à mâcher.

Quelle quantité peut-on consommer quotidiennement ?

La dose journalière admissible (DJA) fixée par les Normes alimentaires FAO/OMS, pour le polysorbate 80, est de 25 mg/kg de masse corporelle. Mais le Comité scientifique de l’alimentation humaine de l’EFSA (Agence européenne de la sécurité des aliments) a récemment avancé une DJA de groupe de 10 mg/kg pc pour tous les polysorbates (E432 à E436).

Face à la diversité des aliments contenant cette substance, certaines personnes risquent d’en consommer trop et donc de dépasser cette quantité maximale au quotidien.

Le polysorbate 80 aurait-il des effets secondaires néfastes sur l’intestin ?

D’après de nombreuses études effectuées sur des souris, les émulsifiants, dont le E433, auraient un effet néfaste sur le microbiote intestinal. Sous l’effet de l’excipient, les bactéries intestinales qui devraient digérer les aliments s’approcheraient plutôt de la paroi de l’intestin et dévoreraient le mucus destiné à protéger le tube digestif.

Ainsi, l’additif E433 serait un facteur de risque :

  • de développement du syndrome métabolique, qui rassemble les symptômes d’obésité, de diabète et de maladies cardio-vasculaires ;
  • d’inflammation intestinale chronique ;
  • d’aggravation de la maladie de Crohn ;
  • de développement du cancer colorectal.

Bien sûr, il n’est pas encore confirmé que ces problèmes de santé s’appliqueraient également sur les humains qui consomment cet émulsifiant.

Serait-il cancérigène ?

D’après les chercheurs, l’ingestion régulière de polysorbate 80 activerait le développement du cancer du côlon. La perturbation du microbiote intestinal, et les inflammations chroniques qui s’ensuivraient, favoriseraient la croissance des cellules cancéreuses.

Provoquerait-il une toxicité hépatique ?

A cause de ses propriétés hypotensives, il pourrait avoir un rôle sur l’apparition d’une toxicité hépatique aiguë1, que ce soit pour les adultes ou pour les enfants2.

D’après les études, les patients traités par voie parentérale3 seraient les plus exposés à ce risque. L’administration par voie orale des médicaments contenant cette substance ne présenterait pas de danger, car sa biodisponibilité orale serait très faible.

Facteur d’anxiété?

D’autre part, une étude de 2019 a fait un lien entre la consommation de polysorbate et la manifestation de troubles anxieux chez les souris‌4.

Avis de l’EFSA 

La réévaluation de l’innocuité de l’E433 par l’EFSA5 a été publiée en juillet 2015. Cette autorité a conclu que :

  • la toxicité aiguë de cette substance serait très faible ;
  • la génotoxicité, la cancérogénicité et la toxicité pour le développement ne seraient pas préoccupantes, même chez la population infantile ;
  • cet excipient ne présenterait pas de toxicité pour la reproduction.

Pour résumer

  • C’est un additif alimentaire de synthèse, d’origine animale ou végétale.
  • Il n’est pas autorisé dans la filière bio.
  • D’après les chercheurs, il serait à l’origine de la perturbation des barrières protectrices de la paroi intestinale, permettant ainsi aux bactéries intestinales d’entrer en contact avec le sang.
  • Les études sur le polysorbate 80 auraient mené à de graves problèmes pour la santé, dont les inflammations intestinales, le développement du cancer, la prise du poids et l’intolérance au glucose.
  • Mais suite à la réévaluation de l’EFSA, cette substance serait à priori inoffensive, présentant seulement un très faible degré de toxicité aiguë. 

En conclusion

D’après les autorités, cet excipient ne serait généralement pas un danger pour la santé humaine. Mais diverses études chez les rats ont montré qu’il serait nocif. Ainsi, en attendant que ces résultats se confirment chez l’humain, il est plus prudent de limiter la consommation des aliments contenant du polysorbate 80 (E433).