Cellulose microcristalline

La cellulose microcristalline (E460a) est un excipient synthétique, d’origine végétale. On la trouve fréquemment dans les aliments transformés et les médicaments. Mais quelles sont les propriétés de cette substance ? Quels rôles joue-t-elle dans l’industrie agroalimentaire ? Qu’est-ce-qui la différencie des autres celluloses modifiées ? Quels sont les risques liés à sa consommation?

En bref

Note globale
6 / 10
  • Naturalité
    La cellulose microcristalline est issue de cellulose végétale mais elle subit des transformations qui ne la rendent pas du tout naturelle.
  • Toxicité supposée
    Les études montrent son innocuité. En revanche, l’Association française pour la recherche thérapeutique anti-cancéreuse (ARTAC) considère cet additif comme possiblement cancérigène. Elle peut être nano et/ou OGM.
  • Manifestation secondaire
    Seulement à forte dose, elle peut entraîner des ballonnements et des diarrhées
  • Contre indication
    Il n’y a aucune contre-indication à son ingestion, sauf pour les nourrissons

Préferénces alimentaires

  • Additif naturel
    Synthétique à 100%
  • Additif non nano
    Peut être nano ou pas
  • Additif non OGM
    Peut être OGM ou pas
  • Additif utilisable en bio
    Ne peut être bio
  • Additif sans gluten
    Convient aux régimes sans gluten
  • Additif Hallal
    Convient aux régimes Hallal
  • Additif vegan
    Convient aux régimes Vegan

Qu’est-ce que c’est ?

La cellulose microcristalline, appelée aussi « gel de cellulose » ou « gel cellulosique », est un additif alimentaire de la famille des celluloses modifiées. Sur l’étiquette, on peut également la reconnaître sous son code E460a.

A noter : l’excipient E460a est bien différent de l’additif en poudre (E460b).

Elle est fabriquée à partir de l’alpha-cellulose, un glucide que l’homme ne peut pas digérer, d’où la nécessité de sa modification par synthèse.

A l’état naturel, c’est une macromolécule de D-glucose, dont le degré de polymérisation est très élevé, variant de 15 à 15 000. On peut la trouver dans la paroi de toutes les cellules des fibres végétales. Celle exploitée dans le milieu industriel est généralement extraite du coton, du bois ou du maïs.

Pour en produire, l’alpha-cellulose est purifiée, partiellement dépolymérisée et traitée avec des acides minéraux1. Son degré de polymérisation devrait être moins de 400. L’objectif est d’isoler le polymère cristallin, en éliminant la partie amorphe par hydrolyse acide.

L’E460a, ainsi obtenu, se présente sous forme de poudre fine inodore. D’après le Rapport d’expertise de l’ANSES2 (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), publié en mai 2020, elle fait partie des substances pour lesquelles la présence de nanomatériaux manufacturés est suspectée et non confirmée ; après examen de la littérature et des données.

Cellulose microcristalline : un danger pour les consommateurs ?

Les nanoparticules ne sont-elles pas dangereuses ?

Dans ses Recommandations du 18 octobre 20113, la Commission européenne a défini le nanomatériau comme étant « un matériau […] contenant des particules libres, sous forme d’agrégat ou sous forme d’agglomérat, dont au moins 50 % des particules, dans la répartition numérique par taille, présentent une ou plusieurs dimensions externes se situant entre 1 nm et 100 nm ».

Et selon le Règlement (UE) N° 231-20124 du 9 mars 2012, pas plus de 10 % des particules de la cellulose microcristalline ne doivent pas mesurer plus de 5 nm.

Les additifs à l’état nanoparticulaire inquiètent de plus en plus les consommateurs. Mais les autorités de sécurité des aliments n’ont pas encore pu évaluer adéquatement les dangers liés à l’ingestion de ces excipients.

Pour les nanoparticules du E460a, les risques connus concernent plutôt les personnes qui manipulent ces substances dans le cadre du travail. En effet, ces matières pourraient pénétrer dans les voies respiratoires et/ou irriter les yeux. Heureusement, la réglementation exige à ce que les travailleurs portent tous les équipements de protection nécessaires.

Les matières végétales utilisées sont-elles de bonne qualité ?

La cellulose naturelle utilisée pour la production de la cellulose microcristalline pourrait provenir de coton ou de maïs modifié génétiquement.

Bien sûr, il existe des produits issus de matières végétales de bonne qualité. Mais il serait difficile de faire la différence sur les étiquettes.

Quels sont ses effets sur la santé ?

Elle n’est pas assimilée par l’organisme. Toute la substance consommée est évacuée dans les fèces5.

Avec un tel métabolisme, cet excipient serait généralement inoffensif. Bien sûr, il figure dans la liste des substances possiblement cancérigènes de l’ARTAC (Association française pour la recherche thérapeutique anti-cancéreuse). Mais selon la majorité des études, il ne serait ni génotoxique ni cancérogène, et ne provoquerait aucun effet ni sur la reproduction, ni sur le développement, ni sur l’allaitement.

Lors de la dernière réévaluation de la sécurité des celluloses modifiées6, l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) a affirmé cette absence de toxicité.

Toutefois, une consommation trop élevée de cellulose microcristalline pourrait représenter un danger ; provoquer des troubles gastro-intestinaux (ballonnements, diarrhées…).

Alors, jusqu’à quelle dose peut-on consommer ?

D’après les estimations, l’exposition à cet additif est en moyenne de 2 à 10 g/jour. A ce stade, il ne poserait aucun problème de santé.

C’est d’ailleurs pour cette raison que l’EFSA n’a pas spécifié de DJA (dose journalière admissible) pour cet additif.

Quelles sont ses fonctions dans les aliments transformés ?

Selon le Codex Alimentarius7, la cellulose microcristalline peut servir :

  • d’agent absorbant ;
  • d’agent d’enrobage ;
  • d’agent de charge ;
  • d’agent moussant ;
  • d’antiagglomérant ;
  • d’émulsifiant ;
  • d’épaississant ;
  • de stabilisant ;
  • de support d’additif.

Les industriels peuvent l’ajouter dans bon nombre d’aliments, dans le respect des bonnes pratiques de fabrication (BPF). La concentration maximale de l’E460a n’est limitée que dans le lactosérum en poudre et les produits à base de lactosérum en poudre : pas plus de 10 000 mg/kg.

A noter : elle est interdite aussi bien dans la filière bio que dans l’alimentation infantile.

Pour résumer

  • La cellulose microcristalline (E460a) est un additif synthétique, d’origine végétale. Elle appartient à la famille des celluloses modifiées.
  • On l’obtient par hydrolyse acide de la forme naturelle.
  • Il se peut que les végétaux utilisés pour son extraction soient transgéniques ou génétiquement modifiés.
  • Elle est constituée de nanoparticules, qui sont surtout dangereuses en cas d’inhalation ou de contact avec les yeux. Les travailleurs en milieu industriel seraient les plus exposés à ces risques.
  • Cet additif est interdit dans les produits bio et dans l’alimentation infantile.
  • D’après les études, utilisée comme additif alimentaire, elle serait inoffensive.
  • Aucune DJA n’a été fixée.

En conclusion

En tant qu’additif alimentaire, elle ne présenterait pas de risques pour les consommateurs. Mais par principe de prudence, il vaudrait mieux ne pas trop abuser des produits contenant cet excipient.