Dioxyde de silicium

Le dioxyde de silicium, noté « E551 » ou « silice » sur les étiquettes, est un excipient chimique très utilisé dans l’alimentation. Il s’agit d’une combinaison d’oxygène et de silicium (SiO2), qui peut être synthétique ou d’origine minérale. A quoi sert-il ? Est-il aussi inquiétant que l’on croit ? Sa consommation ne présente-t-elle pas de danger ?

En bref

Note globale
4 / 10
  • Naturalité
    Le dioxyde de silicium peut être obtenu par purification du quartz. Mais on le retrouve essentiellement en ingrédient de synthèse sous forme nanométrique.
  • Toxicité supposée
    La toxicité de cette molécule n’a pas été suffisamment évaluée par voie orale. Il s’agit d’une nanoparticule dont on ne connaît pas les conséquences sur l’organisme.
  • Manifestation secondaire
    Il n’a pas d’effets secondaires probants.
  • Contre indication
    Il n’y a aucune contre-indication officielle à son ingestion.

Préferénces alimentaires

  • Additif naturel
    Synthétique
  • Additif non nano
    Nanoparticule
  • Additif non OGM
    Non OGM
  • Additif utilisable en bio
    Utilisable en bio
  • Additif sans gluten
    Convient aux régimes sans gluten
  • Additif Hallal
    Possiblement non Hallal
  • Additif vegan
    Peut ne pas convenir aux régimes Vegan

Définition

Le dioxyde de silicium (Sio2) ou E551 est un matériau synthétique ou d’origine minérale, obtenu après purification de sable ou de roche, essentiellement de quartz.

A l’état libre, la substance chimique peut prendre deux formes :

  • soit elle est cristalline, donc dure et inaltérable ;
  • soit elle est amorphe, avec une solubilité plus élevée.

C’est la silice amorphe synthétique (SAS) qui est essentiellement utilisée comme additif alimentaire, portant le numéro E551. Sa fabrication peut être :

  • par voie humide, notamment pour le gel de silice et la silice amorphe précipitée ;
  • par procédé thermique, pour la fumée de silice.

En général, elle se présente sous forme de poussières blanches, dont les particules sont de très petite taille, à l’échelle nanométrique.

Ainsi, en tant que nanoparticule, le dioxyde de silicium fait mauvaise presse : il pourrait altérer l’ADN, il affecterait le système immunitaire, il provoquerait une inflammation du côlon, il attaquerait l’appareil digestif… C’est pour cela que les fabricants évitent de mentionner le nom réel de cet additif sur les étiquettes. Ils préfèrent le noter comme étant de la « silice ».

Faut-il vraiment s’inquiéter de cet excipient ?

La législation

En France, les entreprises produisant, distribuant et important au moins 100 g/an de substances à l’état nanoparticulaire, ainsi que les laboratoires de recherche, sont tenus de déclarer auprès du ministère de l’Ecologie l’identité, les quantités et les usages de ces produits1.

Ceci afin de pouvoir réglementer cette filière et mettre en place une traçabilité de ces produits.Quant à l’Union européenne, elle exige, dans son règlement n° 1169/2011, que les fabricants mentionnent dans la liste des ingrédients tous les nanomatériaux introduits dans les denrées alimentaires. Le nom des ingrédients doit être suivi du mot « nano » entre crochets2. Ceci afin de permettre aux consommateurs de choisir les produits en connaissance de cause.

Mais certains fabricants ne se voient pas obligés de signaler la présence de nanoparticule, car le dioxyde de silicium utilisé comme antiagglomérant dans un aliment augmente de volume après absorption d’eau. La substance atteint désormais une taille de plus de 100 nm, et perd ainsi sa qualité de nanomatériau. En effet, dans ses Recommandations du 18 octobre 2011, la Commission européenne définit comme « nanomatérieau3 » : « un matériau[…] contenant des particules libres […] dont au moins 50 % des particules […] présentent une ou plusieurs dimensions externes se situant entre 1 nm et 100 nm ».

Le dioxyde de silicium représente-t-il un danger ?

C’est l’inhalation ou l’exposition à la silice qui est très dangereuse, à cause de la très petite taille des particules. Même une courte exposition peut causer une irritation des yeux. Et pendant la manipulation du produit, les poussières de silice inhalées peuvent provoquer des problèmes graves au niveau de l’appareil respiratoire.

Ainsi, ce sont les travailleurs dans les entreprises utilisatrices de la silice qui sont surtout exposés à ces risques. Actuellement, les autorités sur la santé au travail ont déjà pris des mesures pour sécuriser ces personnes en milieu professionnel.

Quels risques pour les consommateurs ?

Le groupe scientifique de l’EFSA (European Food Safety Authority) a récemment réévalué la sécurité du dioxyde de silicium, utilisé comme additif alimentaire. Selon son rapport4 publié en début 2018, cet excipient paraitrait mal absorbé, mais il ne présenterait à priori pas d’effets indésirables, ni de problème de génotoxicité.

L’organisme humain n’absorbe qu’un très faible pourcentage sur la quantité de silice ingérée par voie orale. La partie non assimilée est évacuée naturellement par excrétion. Ainsi, selon les autorités, l’ingestion de SiO2 par voie orale (via l’alimentation) ne serait pas du tout toxique.

Au contraire, il semble qu’il serait bon pour la santé mentale. Une étude a démontré que l’augmentation de son taux dans l’eau potable diminuerait le risque de démence.

Quelle est la dose maximale autorisée ?

La dose maximale autorisée5 par le Codex Alimentarius est :

  • non limitée (quantum satis) dans les denrées alimentaires en comprimés et en dragées, mais à la quantité raisonnable nécessaire pour chaque aliment ;
  • limitée à 2.000 mg/kg dans les céréales sèches destinées aux nourrissons et enfants en bas âge ;
  • limitée à 10.000 mg/kg dans les préparations de nutriments sèches en poudre pour l’alimentation infantile ;
  • limitée à 10.000 mg/kg dans les denrées alimentaires séchées en poudre, les fromages et produits fromagers, les compléments alimentaires sous la forme liquide ou à mâcher ;
  • limitée à 15.000 mg/kg dans le sucre et le dextrose en poudre ;
  • limitée à 30.000 mg/kg dans les assaisonnements et les matières grasses pour induire les moules à pâtisserie ;
  • limitée à 50.000 mg/kg dans les arômes, les préparations de nutriments, de colorants, d’enzymes et d’émulsifiants sèches en poudre.

Les chercheurs estiment la consommation de dioxyde de silicium à 124 mg par jour en Europe.

Est-il autorisé en alimentation bio ?

Il peut être utilisé dans la filière bio.

A quoi sert-il ?

Le dioxyde de silicium (E551) est utilisé dans l’industrie agro-alimentaire comme :

  • antiagglomérant, pour éviter l’agrégation des particules, notamment dans les aliments déshydratés ou en poudre (sel, épices, café instantané, cacao, nouilles…) ;
  • agent de texture, pour augmenter l’onctuosité des aliments (plats surgelés, sauces, glaces…) ;
  • agent de fluidification, pour les aliments en poudre.
  • support d’additifs, dans les arômes, les colorants et les émulsifiants.

D’après le Codex alimentarius, on peut l’ajouter dans :

  • diverses denrées alimentaires, dont fromages et produits fromagers, sel, chewing-gum… ;
  • les compléments alimentaires ;
  • les préparations à base de céréales ;
  • l’alimentation infantile ;
  • les décorations alimentaires.

Pour résumer

  • La silice amorphe utilisée comme additif alimentaire est une molécule de synthèse.
  • C’est un excipient dont les trois dimensions sont d’une taille de moins de 100 nm, donc il est classé « nanoparticule ».
  • D’après les études menées jusqu’à présent, le SiO2 utilisé dans l’alimentation ne serait pas toxique.
  • Seules l’exposition et l’inhalation de nano-silice présenteraient de graves dangers sur la santé humaine.
  • Cette substance est autorisée dans l’alimentation bio, ainsi que dans les préparations pour nourrissons et enfants en bas âge.
  • Cet additif peut être ajouté dans toutes les catégories de denrées alimentaires, mais à des quantités maximales différentes.

En conclusion

Selon les autorités, le dioxyde de silicium (E551) utilisé dans l’alimentation n’aurait à priori pas montré de dangerosité. Mais par précaution, il vaut mieux limiter la consommation des aliments contenant ces nanoparticules.