Néohespéridine dihydrochalcone

La néohespéridine dihydrochalcone (NHDC) est un additif alimentaire synthétique, connu sous le numéro E959. C’est un édulcorant intense à faible valeur énergétique, que les industriels ajoutent fréquemment aux aliments allégés ou destinés aux diabétiques. Mais, est-elle sans danger pour les consommateurs ?

En bref

Note globale
7 / 10
  • Naturalité
    La Néohespéridine dihydrochalcone provient de zestes d’agrumes, mais elle est traitée chimiquement (soude, acide chlorydrique et hydrogénation).
  • Toxicité supposée
    Aucune toxicité n’a été rapportée. Néanmoins, par précaution, elle n’est pas autorisée en tant qu’édulcorant aux USA.
  • Manifestation secondaire
    Son pouvoir sucrant est très fort. Mais elle n’engendrerait pas de caries, ni d’augmentation de la glycémie.
  • Contre indication
    Elle n’est pas autorisée pour les nourrissons et seulement à faibles doses pour les enfants.

Préferénces alimentaires

  • Additif naturel
    Synthétique
  • Additif non nano
    Non nano
  • Additif non OGM
    Peut être OGM
  • Additif utilisable en bio
    Non utilisable en bio
  • Additif sans gluten
    Convient aux régimes sans gluten
  • Additif Hallal
    Hallal
  • Additif vegan
    Convient aux régimes vegan

Définition

La néohespéridine dihydrochalcone (NHDC), appelée aussi « hespérétine », est un édulcorant intense artificiel, avec un pouvoir sucrant de 1.000 à 1.800 fois supérieur à celui du sucre blanc. Mais plus sa concentration est élevée, plus son pouvoir sucrant diminue, allant jusqu’à seulement 340 fois plus intense que celui du saccharose.

Sur les étiquettes, on peut aussi la reconnaître sous le code « E959 ».

Elle est produite par hydrogénation catalytique de la néohespéridine, l’hétéroside qui apporte de l’amertume aux zestes des citrus. Il provient généralement de la peau de l’orange amère ou du pamplemousse. Le processus de fabrication requiert l’utilisation de la soude et de l’acide chlorhydrique.

Sa formule brute est de C28H36O15. Elle est constituée d’une molécule de glucose et d’une molécule de mannose. Sa valeur calorique est de 2 Kcal/g. Elle se présente sous forme de poudre cristalline inodore, de couleur blanc cassé.

En bouche, cet édulcorant met quelque temps à révéler son goût sucré et rafraîchissant. Et un arrière-goût de réglisse ou de menthol se ressent, un effet qui pourrait être atténué par mélange avec d’autres édulcorants. Justement, la NHDC peut agir en synergie avec l’aspartame, le cyclamate, la saccharine, le sucralose et les polyols.

Elle a l’avantage d’être résistante à la chaleur, d’où son utilisation massive dans les préparations nécessitant une pasteurisation ou un traitement UHT. Aussi, elle reste stable à faible pH.

A quoi sert la néohespéridine dihydrochalcone ?

Dans l’industrie agroalimentaire, elle est ajoutée aux préparations comme :

  • édulcorant, pour atténuer l’amertume ou la salinité, ou bien pour conférer une saveur sucrée ;
  • exhausteur de goût, pour renforcer le goût et/ou l’odeur.

A noter : aux Etats-Unis, son utilisation est limitée à son rôle d’exhausteur de goût. En Europe, elle est autorisée en tant qu’édulcorant1, sous le numéro E959, mais reste interdite dans la filière bio.

La néohepséridine DC est généralement utilisée dans les produits à faible teneur calorique ou sans sucres ajoutés. D’après le Règlement (UE) N° 1129/2011 de la Commission européenne2, sa concentration maximale devrait être limitée à :

  • 5 mg/kg dans les émulsions de matières grasses et d’huiles, les viandes transformées, les levures ;
  • 10 mg/kg dans les bières et boissons maltées ;
  • 20 mg/kg dans le cidre et poiré ;
  • 30 mg/kg dans les poissons et produits de la pêche transformés, les nectars de fruits, les boissons aromatisées ;
  • 50 mg/kg dans les produits et boissons à base de lait, les glaces de consommation, les desserts, les fruits et légumes en conserve, les préparations de fruits et légumes, les confitures et gelées, les pâtes à tartiner, les céréales pour petit déjeuner, la moutarde, les soupes, potages et bouillons, les sauces, les salades, les amuse-gueules, les compléments alimentaires sous forme liquide ;
  • 100 mg/kg dans les fruits et légumes conservés au vinaigre, les aliments diététiques, les compléments alimentaires sous forme solide ;
  • 150 mg/kg dans les confiseries à base d’amidon, les décorations, enrobages et fourrages, les produits de boulangerie fine ;
  • 400 mg/kg dans les microconfiseries destinées à rafraîchir l’haleine, le chewing-gum, les compléments alimentaires sous forme de sirop ou de produità mâcher.

Aucun niveau maximal n’est imposé pour son utilisation comme édulcorant de table. Le principe du quantum satis stipule que les industriels peuvent recourir à la quantité nécessaire pour obtenir l’effet souhaité, tout en respectant les bonnes pratiques de fabrication (BPF).

Peut-on la consommer sans risques ?

Serait-elle inoffensive ?

Selon la 21e série des rapports du Comité scientifique sur les aliments3 (SCF) de la Commission européenne, publiée en 1988, la néohespéridine dihydrochalcone ne présenterait aucun effet indésirable sur le plan toxicologique, même à dose élevée.

En général, le taux d’absorption de la NHCD ingérée serait très faible. La partie non absorbée serait évacuée intacte dans les fèces. Quant à la partie assimilée, elle serait déglycosylée puis métabolisée en acide propionique par la flore intestinale. Or, d’après l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments), l’acide propionique ne serait pas préoccupant pour la santé4.

Conviendrait-elle aux diabétiques ?

Il semblerait que la néohespéridine dihydrochalcone n’ait d’effet ni sur la sécrétion d’insuline, ni sur l’augmentation du taux de la glycémie dans le sang. Ainsi, cet édulcorant serait bien adapté aux diabétiques. On y a souvent recours pour édulcorer les produits alimentaires allégés ou sans sucres ajoutés.

A noter : la NHDC n’aurait non plus aucun impact sur la santé des dents.

Une dose maximale limitée

La DJA de 5 mg/kg pc/jour fixée par la Commission européenne en 1988 reste encore valable. La dose maximaleserait donc de 350 mg/jour pour une personne pesant 70 kg.

Dans le cadre d’une alimentation saine et équilibrée, il n’y aurait aucun risque de dépasser cette DJA. D’ailleurs, étant donné qu’il s’agit d’un édulcorant très intense, les industriels n’ont généralement besoin que d’une infime quantité pour sucrer une préparation.

Pour résumer

  • La néohespéridine dihydrochalcone (NHDC), codée E959, est un édulcorant intense artificiel, fabriqué à partir de la peau de l’orange amère ou du pamplemousse.
  • Elle peut sucrer 1.000 à 1.800 fois plus que le saccharose, et apporte seulement 2 Kcal/g de calories.
  • Elle dispose d’une excellente stabilité, même soumise à haute température ou à faible pH.
  • En Europe, elle est ajoutée aux préparations allégées ou sans sucres ajoutés en tant qu’exhausteur de goût ou en tant qu’édulcorant.
  • Aux Etats-Unis, elle n’est pas encore autorisée à être utilisée comme édulcorant.
  • L’Autorité européenne a imposé des limites sur sa concentration maximale.
  • Une DJA de 5 mg/kg pc/jour a été fixée depuis 1988.
  • D’après la majorité des études, cet additif ne présenterait aucun danger d’ordre toxicologique. Les diabétiques pourraient la consommer sans risques.

En conclusion

La néohespéridine dihydrochalcone ou E959 est un édulcorant intense adapté aux diabétiques et à tous ceux qui devraient suivre un régime alimentaire sans sucres, peu ou pas calorique. Elle serait inoffensive. Toutefois, par principe de prudence, il vaudrait mieux limiter la consommation d’aliments contenant cet additif synthétique.