Phosphate dicalcique

Le phosphate dicalcique est un additif alimentaire appartenant au groupe de phosphates de calcium qui porte le numéro de code de « E341 ». C’est un excipient synthétique, très utile dans les industries agro-alimentaire, pharmaceutique et cosmétique. Quelles sont ses propriétés ? A quoi sert-il ? Est-il inoffensif pour la santé humaine ?

En bref

Note globale
6 / 10
  • Naturalité
    Le phosphate dicalcique est un produit de synthèse.
  • Toxicité supposée
    Il ne présente pas de toxicité. Une consommation trop élevée de phosphates pourrait provoquer des maladies rénales, cardio-vasculaires et osseuses.
  • Manifestation secondaire
    Aucun effet secondaire n’a été constaté.
  • Contre indication
    Il peut être consommé par tous, y compris pas les nourrissons.

Préferénces alimentaires

  • Additif naturel
    Synthétique
  • Additif non nano
    Non nano
  • Additif non OGM
    Non OGM
  • Additif utilisable en bio
    Utilisable en bio
  • Additif sans gluten
    Convient aux régimes sans gluten
  • Additif Hallal
    Hallal
  • Additif vegan
    Convient aux régimes vegan

Définition

Il existe trois formes de phosphate de calcium utilisées comme additif alimentaire (E341) :

  • monocalcique (MCP) ;
  • phosphate dicalcique (DCP) ;
  • tricalcique.

La forme DCP est aussi appelée « phosphate de calcium dibasique dihydrate » ou encore « dicalcium phosphate dihydrate ». Il s’agit du sel de l’acide phosphorique, combiné avec du dihydroxyde de calcium.

Le DCP constitue un nutriment essentiel à l’organisme humain, et doit être inclus dans le régime alimentaire. C’est un excipient synthétique.

Dans sa forme pure, il est disponible en poudre ou en granules blancs, avec une odeur neutre.

A quoi sert-il ?

Le phosphate de calcium ajouté dans les aliments transformés a un rôle technologique. Il fait partie de la famille des antioxydants. Mais le Codex Alimentarius l’affecte également à diverses catégories fonctionnelles1 :

  • affermissant ;
  • régulateur de l’acidité ;
  • agent de traitement des farines ;
  • agent levant ;
  • antiagglomérant ;
  • épaississant ;
  • humectant ;
  • émulsifiant ;
  • séquestrant ;
  • stabilisant.

Ainsi, on peut trouver le phosphate dicalcique dans une large gamme de denrées alimentaires2 :

  • les aliments séchés en poudre ;
  • le lait et les produits laitiers ;
  • les crèmes et succédanés de crèmes ;
  • les fromages et produits fromagers non affinés ;
  • les blanchisseurs de boissons ;
  • les matières grasses tartinables ;
  • les huiles végétales à vaporiser ;
  • les glaces ;
  • les préparations à base de fruits et les fruits transformés ;
  • les décorations, enrobages et fourrages ;
  • les confiseries et les chewing-gums ;
  • les farines ;
  • les céréales, les nouilles et les pâtes à frire ;
  • les pâtisseries ;
  • les produits de boulangerie ;
  • les préparations de viandes et les boyaux ;
  • les poissons transformés ou non ;
  • les œufs et ovoproduits ;
  • les sucres et édulcorants de table sous forme de poudre ;
  • le sel et les produits de substitution du sel ;
  • les soupes, potages et bouillons ;
  • les sauces ;
  • les boissons, les eaux de table, le cidre et le poiré, les vins ;
  • les amuse-gueules ;
  • les compléments alimentaires.

Peut-on le consommer sans risques ?

Des propriétés toxicologiques rassurantes

Ceux ajoutés dans les aliments sont absorbés à hauteur de 80 à 90 % par l’organisme. Ceux-ci sont transformés en orthophosphate libre lequel est excrété par les reins. Dans son nouvel avis scientifique sur ces substances3, publié en 2019, l’EFSA (Agence européenne sur la sécurité des aliments) a indiqué que l’E341 ne présenterait qu’une faible toxicité orale aiguë. Il ne serait non plus ni génotoxique, ni cancérogène, ni reprotoxique.

D’ailleurs, le phosphate dicalcique et ses dérivés sont autorisés dans l’alimentation bio dans l’Union européenne. Ils peuvent également être introduits dans les aliments pour nourrissons et enfants en bas âge.

Mais attention à l’excès !

Ils sont indispensables dans l’alimentation, mais les consommer en excès pourrait provoquer des maladies rénales, cardio-vasculaires et osseuses.

Pour limiter ces risques, l’autorité européenne a établi une dose journalière acceptable (DJA) de 40 mg/kg pc/jour. Cette quantité quotidienne admissible doit tenir compte de tous les apports en phosphore, qu’il soit de source naturelle ou dans les aliments transformés. Il faut noter que ceux utilisés comme additifs alimentaires (phosphates inorganiques) représentent environ 6 à 30 % de l’apport moyen en phosphore4.

Les formes organiques sont présentes naturellement dans les protéines animales (viandes, volailles, poissons, laitages) et les végétaux (légumes secs, haricots, oléagineux). Mais l’organisme humain n’absorbe que la moitié de phosphore dans les végétaux. Contrairement à celui dans les protéines animales, qui est entièrement absorbé.

Pour une limitation de la concentration dans les denrées alimentaires

Jusqu’à ce jour, la concentration de phosphate dicalcique (E341) et de ses dérivés ajoutés dans les denrées alimentaires varie de 500 à 50.000 mg/kg. Certaines catégories d’aliments bénéficient même du principe du quantum satis, permettant ainsi aux fabricants d’en ajouter autant que nécessaire, jusqu’à ce qu’ils obtiennent l’effet attendu.

Face à une telle concentration, et vu la diversité des aliments contenant cet excipient, les consommateurs risqueraient facilement de dépasser la DJA fixée par l’EFSA. Ce risque concernerait surtout la population infantile et les adolescents qui adoptent un régime alimentaire qui en contient abondamment.

Voilà pourquoi les scientifiques de l’EFSA recommandent à ce que la quantité maximale à ajouter dans les aliments industriels soit plus limitée.

Pour résumer

  • C’est un additif alimentaire de synthèse.
  • Il est autorisé dans l’alimentation bio, ainsi que dans les préparations infantiles.
  • Selon les autorités, cet excipient ne provoquerait aucun effet mutagène. Il ne serait ni cancérogène ni toxique pour la reproduction.
  • Une consommation trop élevée de phosphate dicalcique pourrait provoquer des maladies rénales, cardio-vasculaires et osseuses. Pour réduire ces risques, l’EFSA a mis en place une DJA de 40 mg/kg pc/jour pour tout l’apport en phosphore, que ce soit les phosphates présents naturellement dans les aliments ou ceux ajoutés dans les denrées alimentaires.
  • L’organisme humain absorbe deux fois moins les formes organiques d’origine végétale que celles d’origine animale. Ainsi, un régime alimentaire composé de végétaux limiterait beaucoup plus son excès.
  • D’après les autorités sur la sécurité des aliments, les consommateurs, notamment les nourrissons, les enfants et les adolescents, seraient facilement exposés à un risque de dépassement de la DJA fixée. Elles proposent une limitation plus encadrée de la concentration maximale cette substance dans les denrées alimentaires.

En conclusion

Le phosphate dicalcique (E341) serait a priori inoffensif. Toutefois, il faudrait veiller à ce que l’apport journalier de phosphore dans l’alimentation n’excède pas le niveau de sécurité fixé par l’EFSA. Il est ainsi conseillé de modérer la consommation de laitages, privilégier un régime alimentaire composé de végétaux et, surtout, limiter les aliments industriels riches en phosphates.