Cellulose modifiée

La cellulose modifiée (E460) est le résultat de la modification chimique effectuée sur la cellulose naturelle. Mais d’où vient-elle ? Pourquoi la modifier synthétiquement ? Cela ne comporte-t-il pas de risques pour la santé ? Quels sont les différentes formes ? A quoi sert-elle ?

En bref

Note globale
5 / 10
  • Naturalité
    Les celluloses dites « modifiées » peuvent être de différentes sortes. Elles sont toutes de la cellulose végétale subissant des transformations qui ne la rendent pas du tout naturelle.
  • Toxicité supposée
    Les études montrent son innocuité. Cependant, l’Association française pour la recherche thérapeutique anti-cancéreuse (ARTAC) considère plusieurs formes de cellulose modifiée comme possiblement cancérigène. Toutes les formes s’obtiennent avec des solvants. Par ailleurs, la cellulose peut provenir d’OGM.
  • Manifestation secondaire
    Seulement à forte dose, elles peuvent causer ballonnements et diarrhées.
  • Contre indication
    Il n’y a aucune contre-indication à son ingestion, sauf pour les nourrissons.

Préferénces alimentaires

  • Additif naturel
    Synthétique
  • Additif non nano
    Peut être nano
  • Additif non OGM
    Peut être OGM
  • Additif utilisable en bio
    Non utilisable en bio
  • Additif sans gluten
    Convient aux régimes sans gluten
  • Additif Hallal
    Convient aux régimes Hallal
  • Additif vegan
    Convient aux régimes Vegan

Définition de la cellulose modifiée

Il s’agit de la matière qui constitue principalement les parois de toutes les cellules végétales. La cellulose naturelle provient de souches de matières végétales fibreuses. Elle peut être extraite de coton, de bois, de tige de maïs, de soja, de coques de riz, de paille de blé…

Il s’agit d’un glucide composé de plusieurs chaînes de molécules de D-glucose, qui interagissent pour donner à cette substance une structure fibrillaire très intéressante. Elle serait donc une bonne source de fibres alimentaires.

Malheureusement, l’organisme humain ne peut pas digérer la forme naturelle. Contrairement à celle des herbivores, notre flore intestinale est dépourvue de cellulase, la seule enzyme capable de la décomposer.

Pour y remédier, les industriels doivent modifier chimiquement la forme naturelle. On distingue plusieurs types de cellulose modifiée utilisables dans l’industrie agroalimentaire :

  • cellulose microcristalline, ou gel de cellulose (E460a) ;
  • cellulose en poudre (E460b) ;
  • méthyl-cellulose (E461) ;
  • éthyl-cellulose (E462) ;
  • hydroxypropyl-cellulose (E463) ;
  • hydroxypropylméthylcellulose, plus connue comme « HPMC » (E464) ;
  • méthyl-éthyl-cellulose (E465) ;
  • carboxyméthyl-cellulose sodique, appelée aussi « gomme de cellulose » ou « croscarmellose sodique » (E466) ;
  • éthyl-hydroxyéthyl-cellulose (E467) ;
  • carboxyméthyl-cellulose sodique réticulée, ou gomme cellulosique réticulée (E468) ;
  • carboxyméthyl-cellulose sodique hydrolysée par voie enzymatique (E469).

Les traitements effectués sur la forme naturelle varient en fonction du type de cellulose modifiée à produire :

  • délignification ;
  • alcalinisation ;
  • éthérification ;
  • dépolymérisation ;
  • désintégration mécanique ;
  • purification et blanchiment.

Peut-on la consommer sans risques ?

Aucune transformation dans l’organisme

La cellulose modifiée ou E460 ne subit aucune dégradation lors de sa digestion. Elle est excrétée intacte dans les fèces. Toutefois, il se peut qu’elle soit fermentée par le microbiote intestinal.

Comme elle n’est pas absorbée, elle n’apporte donc aucun élément nutritionnel. Mais en tant que fibre végétale, elle est très bénéfique pour :

  • le bon fonctionnement des intestins ;
  • la diminution du taux du cholestérol sanguin ;
  • la réduction des risques de formation de calculs biliaires et de cancer du côlon.

Toutefois, elle pourrait avoir un effet laxatif si elle est consommée en grande quantité.

Qu’en disent les études de toxicité ?

L’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) a évalué, pour toutes les variétés utilisées en tant qu’additifs alimentaires1 :

  • une faible toxicité aiguë ;
  • l’absence de préoccupation génotoxique, cancérigène et reprotoxique ;
  • l’absence d’effets indésirables pour les toxicités à court terme et subchronique ;
  • un niveau sans effet indésirable (NOAEL) de 9.000 mg/kg pc/jour pour la toxicité chronique.

En somme, la cellulose modifiée ne devrait pas causer de problème pour la santé. L’EFSA n’avait même pas jugé nécessaire de fixer une DJA (dose journalière admissible). Pourtant, la concentration maximale de ces excipients n’est pas limitée, dans la majorité des aliments autorisés.

Et les nanoparticules ?

La cellulose microcristalline ou en poudre contient des particules à l’échelle nanométrique, allant jusqu’à moins de 5 nm. D’ailleurs, ces deux additifs figurent dans la Liste des substances pour lesquelles la présence de nanomatériaux manufacturés est suspectée et non confirmée, dans le dernier Rapport d’expertise de l’Anses2 (Agence national de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), publié en mai 2020.

Dans le Règlement N° 1169/20113 du 25 octobre 2011, le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne ont défini le nanomatériau manufacturé comme étant « tout matériau produit intentionnellement présentant une ou plusieurs dimensions de 100 nm ou moins[…] ». Les consommateurs s’inquiètent de plus en plus des risques potentiels des nanomatériaux pour la santé humaine. Or, l’évaluation adéquate de ces risques semble partir pour une démarche à plusieurs étapes, selon le guide scientifique et technique élaboré par l’EFSA en 20184 (Guidance on risk assessment of the application of nanoscience and nanotechnologies in the food and feed chain).

A quoi sert-elle ?

La cellulose modifiée ou E460 est surtout utilisée pour ses fonctions technologiques, comme :

  • antiagglomérant, pour éviter que les particules solides de la préparation ne se collent les uns aux autres à l’intérieur de l’emballage ;
  • émulsifiant, pour assurer que les ingrédients se mélangent bien, surtout ceux qui sont non miscibles (de type eau-huile) ;
  • épaississant, pour rendre la préparation plus visqueuse ;
  • stabilisant, qui garde l’homogénéité des ingrédients non miscibles, et maintient la couleur de la préparation ;
  • agent d’enrobage, pour protéger la surface extérieure de la préparation, la rendre plus lisse, ou lui donner un aspect brillant ;
  • agent de charge, pour augmenter le volume de la préparation, sans que cela ait un effet sur la valeur énergétique ;
  • agent moussant, qui favorise la formation de mousse ;
  • humectant, qui procure une faible humidité atmosphérique, afin d’empêcher la préparation de se dessécher ;
  • affermissant, pour maintenir la fermeté de la surface d’un aliment, ou pour procurer un gel ferme (avec l’aide d’un gélifiant) ;
  • gélifiant, qui confère à la préparation la consistance nécessaire par la formation d’un gel ;
  • support d’additif, dont le seul rôle est de faciliter l’utilisation d’un autre additif alimentaire.

On peut la trouver dans :

  • diverses catégories d’aliments, y compris ceux à usage diététique ;
  • les boissons, alcoolisées ou non ;
  • les compléments alimentaires ;
  • les emballages pour aliments ;
  • les produits cosmétiques, comme le dentifrice ;
  • les médicaments.

A noter : aucune cellulose modifiée n’est autorisée en tant qu’additif alimentaire dans les produits bio.

Pour résumer

  • Il s’agit d’une substance synthétique, obtenue par modification chimique de la forme naturelle. A l’état naturel, n’étant pas digestible par l’homme, il faut la modifier pour permettre son utilisation dans l’alimentation humaine.
  • C’est un glucide doté d’une excellente propriété fibrillaire. Elle est donc une fibre végétale, dont les bienfaits pour la santé intestinale sont déjà connus.
  • Différents formes sont autorisées en tant qu’additifs alimentaires sur le sol européen (E460 à E469). Certains d’entre eux sont constitués de nanoparticules.
  • Elle peut endosser plusieurs fonctions technologiques, et est autorisée dans diverses catégories de denrées alimentaires.
  • Dans la plupart des cas, la cellulose modifiée est utilisée selon le principe du quantum satis.
  • Son utilisation dans les produits bio est interdite.
  • Elle n’est pas absorbée par l’organisme. Elle est évacuée intacte dans les fèces.
  • D’après l’EFSA, elle ne présenterait pas de risques pour la santé, si consommée raisonnablement. Une trop forte dose pourrait déclencher un effet laxatif.
  • Aucune DJA n’a été fixée.

En conclusion

En tant qu’excipient synthétique, elle inquiète bon nombre de consommateurs. Mais a priori, elle serait inoffensive. Toutefois, par principe de prudence, il vaudrait mieux limiter la consommation des aliments qui en contiennent.