Outre la filtration à l’aide de substances chimiques, il existe des alternatives et solutions naturelles efficaces pour capter et éliminer les microplastiques dans le sol et les eaux.
Présentation
Ils ont réussi à envahir tous les milieux de vie, s’infiltrent dans notre alimentation et sont présents dans notre organisme. La mise en place de solutions de nettoyage représente donc une nécessité, et même une urgence. Plusieurs pistes naturelles sont aujourd’hui envisagées et pourraient servir d’alternatives aux procédés chimiques actuels, à la fois d’une efficacité limitée et d’une potentielle toxicité pour les humains et l’environnement. Découvrez alors les solutions pour éviter, limiter et éliminer les microplastiques.
Filtration en amont
Actuellement, les stations d’épuration font appel à la technique de floculation pour filtrer les eaux usées. Elles utilisent des floculants chimiques qui agrègent les microfragments pour les retenir. Or, il s’agit de floculants chimiques comme le polyacrylamide qui se désintègrent eux-mêmes et finissent en particules potentiellement toxiques. Cette méthode est donc polluante. En Suisse, une station à Oldenburg utilise la filtration sur toile depuis 2006, ce qui permet de piéger 97 % des particules de plastique des eaux usées1.
Il existe d’autres solutions pour éliminer et limiter la propagation de microplastiques bien avant l’arrivée dans les égouts. Ainsi, la France a décidé de rendre obligatoire la mise en place de filtres dans les machines à laver d’ici 2025. Cela permet de limiter le déversement des particules issues des textiles synthétiques dans les cours d’eau. En effet, 35 % de celles qui se retrouvent dans les océans proviennent de l’eau des machines à laver, sachant que les vêtements synthétiques perdent jusqu’à 307 mg de fibres par kilo à chaque lessive. Même aujourd’hui, il est possible pour chacun d’équiper son lave-linge d’un filtre spécifique.
Des pistes prometteuses naturelles
Plusieurs recherches et projets actuels visent à mettre en place des solutions de filtration naturelles pour capter et ainsi éliminer les microplastiques.
Les méduses
Le projet GoJelly2 financé par l’Union européenne vise à utiliser la matière visqueuse utilisée par les méduses pour servir de floculant. En effet, les méduses semblent favorablement affectées par la modification des conditions de vie marine actuelle, et forment des essaims souvent préjudiciables au tourisme et les activités côtières. L’usage de leur mucus pour la filtration de particules de plastique dans l’eau de mer constitue donc une solution intéressante sur plusieurs plans à la fois.
Le gombo et la pollution microplastique
Des chercheurs américains de l’Université de Tarleton ont présenté à la réunion du printemps de l’American Chemical Society, une nouvelle étude3 portant sur la capacité de certaines plantes à retenir les microfragments de plastique. Parmi les végétaux évoqués, il y a le gombo. Également appelé okra, il s’agit d’une plante à la consistance visqueuse qui est couramment utilisée dans la cuisine de nombreuses cultures comme liant ou épaississant. Sa substance gluante compte parmi les solutions prometteuses pour capter et éliminer les microplastiques.
D’après cette étude, les polysaccharides du gombo associés aux extraits de tamarin sont plus efficaces pour la filtration de l’eau douce, tandis que le duo gombo-fenugrec est plus indiqué pour purifier l’eau de mer. Les résultats ont par ailleurs montré que ces floculants végétaux sont bien plus efficaces que le polyacrylamide, et peuvent être intégrés dans les stations d’épuration actuelles. Ce filtre d’origine végétale fonctionne aussi bien dans les petits volumes d’eau que les grands espaces comme l’eau de mer. Outre le gombo, le fenugrec et le tamarin, d’autres plantes peuvent présenter un potentiel intéressant pour retenir les particules, notamment l’aloès, le cactus et le psyllium.
Le bouleau
Cet arbre très commun dans l’hémisphère nord pourrait également devenir un précieux allié et être une des solutions pour capturer et éliminer les microplastiques. Une étude4 menée par les chercheurs allemands de l’Institut Leibniz a montré que le bouleau présente une capacité intéressante à absorber ces particules (de 5 à 50 microns).
Les chercheurs ont enfoui des microbilles de plastique fluorescentes dans la terre où poussaient des bouleaux âgés d’un an. Au bout de 5 mois, 5 à 17 % des racines en contenaient. La capacité d’absorption de cet arbre est particulièrement intéressante. En effet, son système racinaire qui se développe essentiellement dans la couche supérieure du sol, là où la pollution microplastique est la plus présente. L’étude se poursuit afin de déterminer dans quelle mesure le bouleau peut aider dans l’assainissement du sol sur le long terme.
Le ferrofluide à base d’huile et de magnétite
Cette solution a été proposée par un adolescent irlandais qui a gagné le grand prix de Google Science Fair5 grâce à son idée ingénieuse.
Fionn Ferreira a mélangé de l’huile et de la magnétite pour former un ferrofluide destiné à capter les microfragments dans l’eau. Ils adhèrent au ferrofluide, et par la suite, il suffit d’utiliser un aimant pour retirer le mélange de l’eau, emportant ainsi une bonne quantité de particules. Après 1000 tests, cette expérimentation a montré un taux d’efficacité de 87 %.
Les moules
Les moules présentent une capacité spécifique qui pourrait être une des solutions intéressantes pour éliminer les microplastiques dans l’eau de mer. En effet, ces mollusques sont alimentés par filtration. Une étude6 menée près du laboratoire marin de Plymouth en Angleterre a permis de constater que 300 moules placées dans un réservoir ont réussi à capter 250 000 pièces de particules par heure. Elles sont ensuite retrouvées dans leurs excréments qui sont également très riches en carbone. Leur filtration ne semble pas nuire à l’organisme de ces bivalves, et une étude7 vise à déterminer la quantité de moules nécessaires pour obtenir un résultat significatif dans l’océan.
L’innovation pour nettoyer les océans
Face à l’importance de la pollution microplastique dans les océans, des organisations non lucratives et des entreprises spécialisées tentent également de mettre au point des solutions de filtrage à grande échelle. Dirigé par une organisation néerlandaise, le projet The Ocean Cleanup8 utilise des barrages flottants pour récupérer les particules, tout en laissant aux planctons la possibilité de passer en-dessous du filtre. L’ambition est de nettoyer les déchets plastiques du Pacifique et de s’étendre aux «continents de plastique» du monde entier.
L’entreprise Alfa Laval9 propose pour sa part un filtre avec des bioréacteurs à membrane pour retenir des particules jusqu’à 2 microns. Une expérience menée dans les eaux danoises a permis de constater l’efficacité de ce procédé.
- 1: 🔗 https://www.pml.ac.uk/News/PML-trials-pioneering-nature-based-solution-for-th
- 2: 🔗 https://gojelly.eu/
- 3: 🔗 https://www.youtube.com/watch?v=iuOd4aGzHjQ
- 4: 🔗 https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0048969721071618?via%3Dihub
- 5: 🔗 https://www.youtube.com/watch?v=akCjg2s7xrs
- 6: 🔗 https://www.pml.ac.uk/News/PML-trials-pioneering-nature-based-solution-for-th
- 7: 🔗 https://pml.ac.uk/science/projects/Removing-marine-microplastics-with-mussel-power
- 8: 🔗 https://theoceancleanup.com/
- 9: 🔗 https://www.alfalaval.fr/medias/histoires/municipal-wastewater-treatment/membranes-a-solution-to-microplastics-in-our-oceans/