Plastique recyclable: est-il écologique ?

Certaines marques se targuent d’avoir une démarche responsable et écologique avec leurs emballages en plastique recyclable. Mais est-il réellement recyclé aujourd’hui ?

Les chiffres du recyclage plastique en France

Emballages alimentaires, bouteilles et d’autres utilisations encore, le plastique fait partie intégrante du quotidien. Malgré sa praticité, il s’agit d’une véritable source de pollution des océans et des terres. Sa valorisation constitue également une importante source de dépenses, alors que certains d’entre eux ne sont naturellement pas recyclables.

Selon l’Observatoire régional des déchets d’Île-de-France (Ordif), c’est seulement 14 % de ces derniers issus des entreprises et des ménages qui partent au recyclage. Le Plastics Europe évoque que 24,2 % de ces ordures sont recyclées en France. L’entreprise CITEO indique un taux de 28 % en France1.

Malgré les diversités des sources, il est évident que la France reste en retard dans le programme de recyclage du plastique.

Ce retard lui a valu près de 1,2 milliard d’euros de « taxe plastique2 » à l’Union européenne, selon des informations déclarées par l’Insee. Cette taxe concerne tous les États membres, et a été évaluée de la manière suivante: 800 euros par tonne de déchets en plastique non recyclés produits en une année. La France fait partie des principaux pays qui prennent part à cette taxe européenne.

Face à ce gros retard, les dirigeants français envisagent de mettre en place deux manufactures pour parvenir jusqu’à 100 % de recyclage en 20253. Ces projets visent à transformer une grosse partie de ses détritus en une matière plastique recyclable avec un impact écologique et environnemental diminué.

Que devient ce matériau s’il n’est pas recyclé?

D’après les derniers chiffres4, le monde entier, y compris la France en ont produit près de 9,2 milliards entre 1950 et 2017. Sans parler des autres pays, 1,5 million de tonnes d’ordures issues de ce matériau ont été générées sur le territoire français ; 29% ont été recyclées. Cela concerne en même temps les produits ménagers et les non ménagers. Par manque d’usines pour les trier et les transformer, la France ou en grande partie les pays européens, se retrouvent donc avec un grand nombre d’ordures non recyclées.

Sachant que seul un tiers des déchets composés de ce matériau sont collectés afin d’être recyclés. Le plus souvent, les emballages ainsi que les autres objets à usage unique finissent dans les décharges ou passent à l’incinérateur. En raison de leur petite dimension et des modes de consommation, ils sont jetés dans la nature, ce qui a un impact négatif tant pour la faune que la flore sauvage.

Avant de voir si le plastique recyclable est écologique, nous allons tout d’abord voir comment cette matière est traitée et transformée.

Le traitement par incinération

Les détritus non recyclés sont envoyés dans des sociétés de traitement de déchets. Une fois sur place, un processus de tri bien déterminé est appliqué afin de séparer ce qui est recyclable de ce qui ne l’est pas. Ils sont brûlés dans un incinérateur, ce qui permet une réduction allant jusqu’à 90 % des ordures réalisées à partir de ce matériau, mais aussi une valorisation énergétique. Ils se transforment alors en combustible qui permet de produire de l’électricité et de la chaleur.

Si l’incinération consiste à les réduire en les brûlant, en contrepartie, ce processus produit également de la pollution. Des cendres, du mâchefer, de la poussière et du gaz émanent des usines durant le processus d’incinération.

Les détritus restants après le tri sont envoyés vers des sites de traitement de compost.

La solution des décharges

Une partie des déchets en plastique non recyclés sont envoyés dans les décharges si la ville ne dispose pas d’incinérateurs. Cette pratique est très répandue en raison du coût colossal de ces appareils d’incinération.

Les résidus issus de l’incinération sont également expédiés dans les décharges.

Il faut savoir que les contenants en plastique déposés dans les décharges génèrent des substances toxiques au fil du temps. Malgré les quelques mesures prises afin de limiter la propagation des produits dangereux, les risques que le sol soit contaminé sont toujours élevés.

Exportation vers des pays tiers

Depuis maintenant plus de 25 ans, la Malaisie et les Philippines ont accueilli les déchets en plastique non recyclables et non recyclés du monde, y compris ceux de la France. Si les pays asiatiques tels que la Chine refusent de servir de dépotoir du monde, l’Afrique est aussi devenue une décharge à grande échelle pour les pays développés.

Malgré le programme de recyclage, dont la France est encore à la traîne, des tonnes de détritus non recyclés sont envoyées à l’étranger. En 2019, ils représentaient près de 385 000 tonnes ; ils sont issus des ménages et des industries françaises. 60 000 tonnes ont été envoyées en Asie en 2019 et en 2017, 14 millions de tonnes ont été exportées dans les pays voisins comme l’Espagne, et une grande partie en Afrique5.

Malgré les difficultés de ces pays à gérer leurs propres ordures, les dirigeants de certains États africains acceptent les déchets venant de la France notamment. Ces détritus sont souvent laissés dans des décharges sauvages où les processus de traitement ne respectent pas les normes. Cette situation a engendré la naissance de nombreuses décharges sauvages dans certains pays tels que le Congo ou le Burkina Faso. C’est pourquoi la fabrication de plastique recyclable peut être intéressante, afin de diminuer l’impact écologique et environnemental mondial.

Par ailleurs, un rapport de la Banque Mondiale6 estime que d’ici 2050, le continent africain produira trois fois plus de détritus à lui seul alors qu’il en génère déjà près de 174 millions de tonnes actuellement. 69 % des déchets sont brûlés à ciel ouvert et 14 % sont éparpillés dans la nature. Ces ordures sont pour la plupart toxiques et peuvent contaminer le sol.

La fabrication de ce matériau

Pratique, solide mais surtout léger, il permet d’emballer des substances liquides et solides, chaudes ou froides. Il existe différents types et sa résistance technique dépend de ses propriétés physico-chimiques. Son processus de fabrication varie en fonction des matières qui le constituent, telles que le pétrole ou les extraits de végétaux.

Lorsqu’il est issu du pétrole, il doit être associé à de nombreuses autres matières, comme le polypropylène, le polyéthylène à basse ou à haute densité, ainsi que le polystyrène et le PVC.

Les plastiques biosourcés sont conçus à partir de matières végétales, telles que les algues, la fécule de pomme de terre ou de betterave ou encore la bagasse de canne à sucre.

Certains d’entre eux contiennent des matières pétro-sourcées (acide polylactique ou polydrox alcanoates), alors que d’autres sont garantis sans pétrole.

Selon le processus de fabrication, le contenant pourra être biodégradable/compostable ou non. Ainsi, le plastique recyclable pourra s’ancrer ou non dans une démarché écologique.

Fabrication de contenant dérivé du pétrole

D’origine pétrochimique, il existe plusieurs étapes à suivre pour le concevoir :

  • Le raffinage du pétrole brut est la première étape. Cela permet de séparer ses différents composants.
  • Le vapocraquage du naphta consiste à produire des monomères d’hydrocarbure.
  • La polymérisation des monomères permet de générer des polymères.

Le traitement des polymères est la dernière étape, permettant d’avoir les matériaux désirés.

Fabrication de contenant d’origine végétale

Le processus est composé de trois étapes :

  • L’extraction du glucose contenu dans les plantes.
  • La fermentation et la distillation de celui-ci pour dégager les monomères.
  • La polymérisation de ceux-ci pour obtenir des résines végétales, comme le PE végétal, le PLA (acide polylactique) ou le PHA (polyhydroxyalcanoates).

Son étiquetage est régi par un système de code permettant d’identifier son origine :

  • 1 pour le PET (Polyethylene terephthalate) : ce codage est le plus populaire ;
  • 2 pour le PEHD (Polyéthylène haute densité) : il est utilisé pour les bouteilles ;
  • 3 pour le PVC (PolyChlorure de vinyle) : le PVC est principalement utilisé dans les grandes surfaces et permet d’emballer du fromage et de la viande. Le PVC peut aussi servir à fabriquer des blisters ;
  • 4 pour le PEBD (Polyéthylène basse densité) : il est surtout utile pour la fabrication de certains types de sacs ;
  • 5 pour le PP (Polypropylène isotactique) : cette matière sert à la conception des gobelets, des pots de yaourt et des emballages médicaux ;
  • 6 pour le PS ou le PSE (Polystyrène Expansé) : il est plébiscité pour la fabrication de certains emballages à usage unique pour les légumes, la viande… ;
  • 7 indique les autres types qui sont constitués de matériaux diversifiés.

Son recyclage

Malgré le fait que cette matière soit très pratique, des questions subsistent concernant son cycle de vie. Le plastique est une véritable source de pollution. Sans oublier qu’il dégage des substances toxiques qui contaminent le sol et perturbent l’écosystème. Face aux risques flagrants qu’encourt la planète, les fabricants ont mis au point des contenants recyclables. Le plastique recyclable s’inscrit-il dans une démarche écologique? Il s’agit d’une alternative permettant de réduire les impacts environnementaux.

Les déchets compostable et biodégradable peuvent être recyclés plusieurs fois. En revanche, ce n’est pas le cas des résidus pétro-sourcés. Leur recyclage ne peut se faire que 2 ou 3 fois en moyenne. Il faut savoir que 80 % des déchets ne peuvent pas être recyclés, et ce, pour de nombreuses raisons :

  • le triage s’est réalisé de la mauvaise façon, exigeant alors une phase de séparation des autres substances du plastique ;
  • certaines matières demandent trop de ressources pour être recyclés ;
  • il y a très peu de centres de recyclage disponibles ;
  • sa qualité globale ne lui permet pas de supporter le processus de recyclage.

Il existe de nombreuses façons pour les recycler, mais chaque méthode est constituée de quatre étapes, qui sont détaillées dans les paragraphes suivants.

Le tri des emballages

Le processus commence chez les citoyens ainsi que les consommateurs. Chaque habitant doit faire le premier geste pour faire le tri dans ses ordures ménagères.

Le traitement dans le centre de tri

Les déchets sont par la suite expédiés dans un centre de tri. Ils y sont classés par catégories avant d’être transformés en balles de plastique. Malheureusement, 40 % du PET en France n’arrive pas jusqu’au centre de tri7.

Sa régénération

Les balles sont par la suite acheminées vers les usines de régénération. Elles y sont broyées, ramollies, puis transformées en granulés via des procédés techniques spécifiques.

L’usine de recyclage

Les granulés servent ensuite à la fabrication de nouveaux emballages. Un siège auto peut être obtenu à partir d’une bouteille de lait. Les bouteilles d’eau peuvent servir à concevoir des sacs de couchage ou des sacs de congélation.

L’émission de dioxyde de carbone (CO2)

Qu’en est-il de l’émission de CO2 lors de la transformation de cette matière en plastique recyclable: quel est l’impact écologique?

Bien que le recyclage constitue une alternative pour limiter la pollution, les différentes étapes produisent toujours des éléments polluants. De l’extraction du pétrole jusqu’à sa transformation en nouveaux produits, ces différents procédés génèrent beaucoup de gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbone (CO2). Le taux d’émission de CO2 pour le contenant en plastique végétal recyclable est 75 % moins important que l’emballage pétrosourcé; l’impact écologique est moindre. Les matériaux végétaux offrent un bilan carbone beaucoup plus avantageux. Ils ont la capacité d’absorber le CO2 qui se dégage durant la fabrication et la transformation de cette matière.

La pollution environnementale

Les plastiques pétro-sourcés ont une faible dégradation. Les déchets non recyclés, s’ils ne sont pas incinérés, restent dans la nature. Ils polluent le sol, mais aussi les cours d’eau à proximité. Ils affectent la faune et la flore environnantes, la vie sauvage et même la santé des habitants. Les animaux peuvent tomber malade, voire mourir en les avalant. Il peut, dans certains cas même, contaminer l’eau potable.

En Conclusion

La praticité de ce type d’emballage ne constitue pas un argument valide pour l’adopter. Il génère une grande quantité de pollution: sa production et son recyclage exigent énormément de ressources. Le programme de recyclage constitue un excellent moyen pour réduire son impact sur l’environnement, mais les démarches restent encore bancales dans certains pays comme la France. Il serait alors intéressant de démocratiser davantage le plastique recyclable qui s’intègre parfaitement dans une démarche écologique.