Mannitol

Appelé aussi « D-mannitol » (E421), c’est un édulcorant de charge qu’on trouve souvent dans les aliments à faible valeur énergétique, les produits sans sucres ajoutés et les préparations pour diabétiques. Mais quelles sont les propriétés de cet additif alimentaire ? Peut-il se substituer au sucre de table ? Ne présenterait-il pas de danger pour la santé ? Jusqu’à quelle dose serait-il sans risques ?

En bref

Note globale
7 / 10
  • Naturalité
    Il est issu d’amidon issu de végétaux. Il subit des transformations physiques (enzymes, hydrogénation ou fermentation).
  • Toxicité supposée
    Il ne serait pas toxique.
  • Manifestation secondaire
    Seulement à forte dose, il peut causer des flatulences et de la diarrhée. A des doses supérieures à 100 grammes par jour, il peut provoquer des pathologies.
  • Contre indication
    Il n’est pas autorisé pour les nourrissons. C’est un sucre qui n’élève pas la glycémie.

Préferénces alimentaires

  • Additif naturel
    Semi-naturel
  • Additif non nano
    Non nano
  • Additif non OGM
    Peut être OGM
  • Additif utilisable en bio
    Non utilisable en bio
  • Additif sans gluten
    Convient aux régimes sans gluten
  • Additif Hallal
    Hallal
  • Additif vegan
    Convient aux régimes vegan

Définition

Appelé chimiquement « D-mannitol » ou « 1,2,3,4,5,6-hexanehexol », c’est un sucre-alcool (polyol) qu’on peut ajouter dans les préparations alimentaires et les produits pharmaceutiques. Il est répertorié dans la liste des additifs alimentaires du Codex Alimentarius, sous le numéro E421. Sa formule chimique est C6H14O6.

Son pouvoir sucrant est 30 % plus faible que celui du sucre de table (saccharose). Il faudrait donc en ajouter davantage pour avoir la même douceur que le sucre.

Mais il est moins calorique que le sucre, et n’engendrerait pas de caries dentaires. Grâce à sa lente métabolisation, il ne ferait pas augmenter le taux de la glycémie dans le sang.

Il se présente sous forme de poudre blanche cristalline, inodore. Il a une saveur douce, sans arrière-goût, et donne une sensation d’haleine fraîche. Selon le Règlement (UE) N° 231/2012 du 9 mars 2012 de la Commission européenne1, l’E421 devrait contenir au minimum 96 % de mannitol. On pourrait aussi y trouver :

  • du sorbitol, pas plus de 2 % ;
  • du maltitol, pas plus de 2 % ;
  • de l’isomalt, pas plus de 2 % ;
  • de l’arabitol, pas plus de 0,3 % ;
  • de l’eau, pas plus de 0,5 % ;
  • des sucres réducteurs, pas plus de 0,3 % ;
  • des sucres totaux, pas plus de 1 % ;
  • des cendres sulfatées, pas plus de 0,1 % ;
  • des chlorures, pas plus de 70 mg/kg ;
  • du sulfate, pas plus de 100 mg/kg ;
  • du nickel, pas plus de 2 m/kg ;
  • du plomb, pas plus de 1 mg/kg

On peut le fabriquer :

  • soit par hydrogénation catalytique de glucose et/ou de fructose issu d’amidon traité par voie enzymatique ;
  • soit par fermentation bactériologique d’un substrat de sucre ou de sucre-alcool (saccharose, glucose, fructose, maltose ou sorbitol), au moyen d’une souche de Zygosaccharomyces rouxii ou de Lactobacillus intermedius.

Indications du mannitol

Il est généralement utilisé comme substitut du sucre. Mais en réalité, l’E421 peut endosser plusieurs fonctions technologiques:

  • agent texturant ;
  • antiagglomérant ;
  • agent d’écoulement libre ;
  • auxiliaire de formulation ;
  • agent raffermissant ;
  • agent aromatisant ;
  • adjuvant ;
  • lubrifiant ;
  • diluant ;
  • agent de démoulage ;
  • plastifiant ;
  • édulcorant ;
  • stabilisant ;
  • épaississant ;
  • humectant ;
  • agent de finition de surface.

D’après les dispositions de la NGAA2 (Norme générale pour les additifs alimentaires) du Codex, l’E421 peut être utilisé selon le principe des bonnes pratiques de fabrication (BPF). Il est autorisé dans une large gamme de denrées alimentaires, dont les :

  • sucres et sirops ;
  • laits et boissons à base de lait liquide ;
  • poissons et produits de la pêche ;
  • œufs et produits à base d’œufs ;
  • pâtes et nouilles sèches ou précuites ;
  • viandes et boyaux comestibles ;
  • crèmes ;
  • fromages ;
  • desserts lactés ;
  • matières grasses et desserts à base de matière grasse ;
  • glaces de consommation ;
  • fruits transformés ;
  • légumes et produits à base de légumes ;
  • confiseries ;
  • céréales et desserts à  base de céréales ;
  • produits de boulangerie ;
  • édulcorants de table ;
  • assaisonnements, épices et condiments ;
  • sauces, vinaigres, moutardes ;
  • potages et bouillons ;
  • compléments alimentaires ;
  • aliments diététiques ;
  • boissons alcoolisées ou non.

Pour son utilisation comme édulcorant, le mannitol est interdit dans l’alimentation infantile et dans les produits bio. On le trouve surtout dans les aliments hypocaloriques ou sans sucres ajoutés.

A noter : dans l’industrie pharmaceutique, il peut servir en tant qu’additif ou comme principe actif. En tant que substance active, il peut traiter les oliguries ou anuries, les hypertonies oculaires et les œdèmes cérébraux. La solution en inhalation est indiquée pour les tests de provocation bronchique.

Présente-t-il une toxicité pour l’Homme ?

Probablement transgénique

Il est fabriqué à partir d’un substrat de fructose extrait d’amidon. L’amidon lui-même provient de pomme de terre, de blé ou de maïs probablement transgénique. Les enzymes utilisés durant le processus de fabrication pourraient également être génétiquement modifiés.

Bien sûr, il en existe sur le marché produit à partir de matières premières saines. Mais il ne faut pas oublier que l’utilisation de matériaux génétiquement modifiés permettrait de réduire considérablement le coût de production de l’additif.

Est-il inoffensif ?

Seulement 7 % du mannitol ou E421 consommé serait absorbé par le tractus intestinal.

Dans l’organisme, il est déshydrogéné et redevient du fructose. Il n’a pas besoin de secréter de l’insuline pour se métaboliser, ce qui est intéressant pour les diabétiques.

D’après les recherches, cet additif ne serait ni cancérigène, ni tératogène, ni mutagène. De plus, l’EFSA soutient les allégations de santé selon lesquelles, utilisé comme substitut du sucre, il pourrait :

  • maintenir la minéralisation des dents, en diminuant la déminéralisation dentaire ;
  • réduire les réponses glycémiques postprandiales3.

A consommer avec modération !

Compte tenu de l’innocuité de cet additif, le JEFCA (Comité mixte FAO/OMS d’experts sur les additifs alimentaires) n’a pas jugé nécessaire de fixer une DJA4.

Toutefois, il vaudrait mieux limiter la consommation de mannitol à :

  • 50 g/jour chez les adultes ;
  • 10 g/jour chez les enfants en bas âge.

A noter : aux États-Unis, cet additif est autorisé dans les aliments ou en contact avec les aliments à titre intermédiaire, en attente d’une étude supplémentaire5. Son utilisation est soumise à des exigences spécifiques.

Quels risques en cas de surdosage ?

Un surdosage pourrait provoquer :

  • de l’acidose ;
  • une hypertension ou une hypotension ;
  • des états de confusion ;
  • des nausées et vomissements ;
  • une insuffisance cardiaque congestive ;
  • une insuffisance rénale aiguë ;
  • des convulsions ;
  • des œdèmes pulmonaires ;
  • de la léthargie ;
  • du coma.

Mais ces symptômes ne devraient se manifester qu’à partir de 400 g de mannitol par jour, ou entre 100 et 400 g pour les personnes ayant des problèmes rénaux. Il serait impossible d’atteindre ces doses en consommant des aliments et des boissons qui en contiennent.

Les risques liés à une consommation importante sont les suivants :

  • diarrhées ;
  • flatulence ;
  • effets diurétiques.

L’Union européenne exige à ce que les aliments, qui en contiennent plus de 10 %, comportent sur leur étiquette la mention : « Une consommation excessive peut avoir des effets laxatifs. »

Pour résumer

  • Le mannitol (E421) est un polyol, produit par hydrogénation catalytique ou par fermentation bactériologique de solution de glucose et/ou de fructose d’origine végétale.
  • Les industriels peuvent l’ajouter dans diverses catégories d’aliments, notamment dans les préparations sans sucre et à faible valeur énergétique. La quantité ajoutée suit le principe du quantum satis.
  • Il peut endosser plusieurs rôles technologiques, mais est surtout connu en tant que substitut du sucre et édulcorant de charge.
  • En tant qu’édulcorant, il n’est autorisé ni dans l’agriculture biologique, ni dans les préparations infantiles.
  • Dans le domaine médical, il est également utilisé comme principe actif de médicaments indiqués dans le traitement de diverses affections, comme les oligo-anuries et les œdèmes cérébraux.
  • Il est légèrement moins sucré et moins calorique que le sucre de table.
  • Il n’induirait ni caries dentaires, ni sécrétion d’insuline. Il ne déclencherait pas une augmentation du taux de la glycémie dans le sang.
  • D’après les recherches, il ne présenterait pas de risques en termes de cancérogénicité et de mutagénicité.
  • Aucune DJA n’a été spécifiée. Toutefois, il est conseillé de ne pas consommer plus de 50 g/jour chez les adultes, 10 g/jour chez les enfants.
  • Une forte dose pourrait avoir des effets laxatifs et diurétiques, des flatulences, des nausées et vomissements, de l’acidose, voire provoquer un coma.

En conclusion

A priori, ce serait un édulcorant inoffensif. Il n’affecterait pas les dents, et conviendrait aux diabétiques. Toutefois, ce serait plus prudent de modérer la consommation d’aliments contenant cet additif. Il faudrait aussi tenir compte de sa présence dans les médicaments.